Après l'étonnant Near Death Experience, Benoît Delépine et Gustave Kervern, scénaristes grolandais auxquels nous devons plusieurs ovnis du cinéma français comme Mammuth et Le Grand soir, font leur retour dans les salles obscures avec Saint Amour, road movie tragi-comique porté par Gérard Depardieu et Benoît Poelvoorde. Un véritable coup de cœur pour ma part.
Nous sommes au salon de l'agriculture, le film s'ouvre sur une musique étonnante composée par Sébastien Tellier et nous apercevons Gérard Depardieu et Benoît Poelvoorde, campant deux agriculteurs respectivement père et fils, sur le point d’entamer une petite route des vins de France afin de resserrer les liens familiaux. Rien d'extraordinaire a priori, pourtant je vous assure qu'une réelle alchimie opère. Les réalisateurs prennent un immense plaisir à mettre en scène ces monstres du cinéma français et il en est de même pour nous, qui jouissons de les voir s'investir à ce point dans des rôles aussi atypiques, déjantés et même touchants. La filiation père-fils entre les deux comédiens fonctionne à merveille (étrange idée tout de même, mais on y croit totalement).
Même joie en ce qui concerne le reste du casting : Vincent Lacoste et la sublime Céline Salette sont brillants dans leur prestation et, dans des rôles plus secondaires, Andréa Ferréol, Ovidie, Michel Houellebecq (à mourir de rire) et bien d'autres font des apparitions surprenantes.
Venons-en maintenant au plus important, le long-métrage lui-même : À la fois désopilant et émouvant, Saint Amour est une comédie douce-amère magnifique sur l'amour du bon vin, l'amour entre un père et son fils et, tout simplement, l'amour entre les hommes et les femmes. Portant un regard décalé et attendrissant sur le monde agricole, Kervern et Delépine parviennent à passer du rire au malaise, puis du malaise à la mélancolie avec une aisance remarquable, se permettant même quelques fulgurances poétiques dont eux seuls ont le secret. En somme, un film tendre, plein d'humour, de poésie et d'acteurs talentueux, que je vous invite bien sûr à savourer sans modération (c'était facile, je vous l'accorde...).
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