Élevé dans un petit village de Patagonie, Pablo Agüero n'avait qu'un seul livre à la maison, durant son enfance : Le Petit Prince. Avec Saint-Ex, il s'octroie le privilège de rendre hommage à l'auteur qui l'a fait rêver, mais aussi au pilote mythique de l’Aéropostale, tout en revenant tourner dans son pays d'origine, l'Argentine. Ce n'est pas un biopic mais une tranche d'existence, marquée par l'amitié très forte entre Saint-Ex et Guillaumet, eux-mêmes au service d'une entreprise capitaliste qui considérait le passage du courrier plus important que la vie de ses pilotes. D'emblée, sur terre comme au ciel, le film s'épanouit entre réalisme et poésie, prenant la forme d'une aventure humaine et de survie, tour à tour symbolique, mystique et naïve, dans le décor majestueux et périlleux de la Cordillère des Andes, dont le franchissement, dans les années 30 relevait autant de l'héroïsme que de la démence. L'onirisme, fruit d'effets spéciaux splendides, sert à Agüero pour nous conter une épopée réelle sous forme de fable, avec ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines. Garrel, Cassel et Krüger jouent avec bonheur ces êtres pas aussi libres comme l'air qu'ils l'auraient souhaité mais prêts à tout les risques pour maintenir leurs rêves vivants, même et surtout au-dessus des montagnes.