Saint-Georges est le portrait d'un combattant. Sur le ring mais surtout dans la vie de tous les jours en plein coeur de la crise économique qui s'est abattue sur le Portugal en 2010. Le Lisbonne que nous montre le film de Marco Martins n'a rien de touristique : quartiers populaires et cosmopolites, auprès de citoyens acculés par les dettes ou de chefs de PME aux abois. L'image est sombre, le ton revêche, les personnages mutiques : les abords de Saint-Georges ne sont pas des plus affriolants. Sur les traces des films américains de Jules Dassin, l'ambiance est noire comme la crise. Et au milieu, il y a ce Jorge, obligé de travailler dans les services d'une agence de recouvrement, ou comment la victime d'un système pourchasse d'autres victimes. Un temps, l'aspect documentaire semble prendre le pas sur la fiction mais le cinéaste trouve vers la fin le juste équilibre, aidé par un acteur impressionnant, l'étonnant Nuno Lopes, qui fait ressortir toutes les fragilités d'un homme sonné mais pas encore K.O. Un poids lourd qui se bat dans la tempête et qui croit que tout peut-être dépassé à force de conviction tout en conservant la dignité autant que faire se peut. L'espoir n'est pas absent de Saint-Georges, il est ténu mais il est encore vivant.