Beaucoup de mes amis me l'avaient dit cette deuxième version du mythe Yves Saint-Laurent est mauvaise, ennuyeuse. Ayant foi en son réalisateur que j’avais envie de découvrir, c’est tout de même pleinement confiant que je démarrais la projection, plusieurs mois après sa sortie en salle.
C’est avec effroi qu’il faut se rendre compte du désamour public pour le plus récent film de Bertrand Bonello. La critique elle, aussi dure qu’admirative, ne sait vers quel bord se pencher. C’est difficilement que sa carrière de long-métrage commence. Bonello donc revient sur la vie du grand couturier Français Yves Saint-Laurent. D’une manière libre et presque assez détaché, sans aucune emprise de la part de l’actuelle maison Saint-Laurent. En plus de revenir sur la vie du créateur c’est la folie des années 60 et 70 qui sont également filmées. Dans ce qu’elles ont de plus folles comme ce qu’elles ont de plus sombre. Mené par un Gaspard Ulliel troublant de ressemblance, le casting, de premier choix y est de la meilleure des façons dirigé. Toutes les prestations y sont justes, impliqués et crédibles. Nous oublions les acteurs pour les rôles qu’ils incarnent. Pour ce qui est bien plus difficile qu’on ne le pense, nous croyons à ce biopic. Un sentiment de réel, tout autant accentué par les décors que l’on sent soigné, représentant parfaitement l’ambiance des ces années là. Esthétiquement irréprochable, c’est un plaisir pour le spectateur d’admirer lumières, tenues, décors et cette perpétuelle élégance physique des interprètes. Cette beauté de façade est évidemment contrastée par le mal de vivre, propre à ce milieu. Une honnêteté qui n’était surtout pas à délaisser. Les excès, la dépravation ou encore l’obsession sexuelle, tout ça, qu’on le veuille ou non était aussi le quotidien d’Yves Saint-Laurent. Tout ça n’entache en rien le talent de l’homme mais cette partie si noire de sa personnalité était à filmer. Le réalisateur qu’on sent d’un investissement total dans ce projet, occupe plusieurs taches en plus de la mise en scène. Dépasse par son film il ne l’est surement pas même si l’on est en droit de penser que long-métrage, vers la fin, peine à être maitrisé pleinement. Il aurait surement était préférable de rester dans la continuité de cette narration rigide, occupant les trois premiers quarts du film. Tout de même fougueux, beau, dur, dérangeant et disons-le légèrement grandiose, ce Saint-Laurent est une vraie belle proposition de cinéma.
Martin, Le Frisson de la Pellicule