Comment réagir face à l'horreur ? Comment le comprendre ? Ce film invite à questionner le spectateur sur la notion de vérité et de libre arbitre à travers le jugement d'une jeune mère, coupable du meurtre horrible de son enfant, alors encore bébé.
Nous allons également suivre l'évolution d'une jeune écrivaine, cherchant à s'inspirer du jugement pour son prochain film. Nous entrons donc dans le tribunal, et premier élément marquant du film, l'incompréhension de la juge face à l'horreur commise. Cette scène m'a directement rappelé la scène du jugement du personnage de Marceau dans "l'étranger" d'Albert Camus. Face au meurtre commis par Marceau, et au trois balles qu'il a continué à tirer sur un homme déjà mort, le juge perd son sang froid. En effet, celui ci demande plusieurs fois à Marceau "pourquoi avoir continué à tirer ?", et face à l'ignorance du jugé, le juge semble souffrir de cette non réponse. C'est l'une des base de la philosophie de l'absurde défendu par Camus. L'ignorance plonge l'humain dans une terrible souffrance. Et c'est cette ignorance qui pousse la juge dans l'incompréhension totale. Il est inconcevable d'imaginer quelqu'un agir comme la coupable l'a fait, et le fait qu'elle l'ignore d'autant plus pousse la juge à tomber des nus et souffrir de cette incompréhension.
Tout le long du film, le spectateur est amené à décortiquer avec les autres personnages, le récit qui a poussé la coupable à commettre ce meurtre. L'enquête sera longue, car les mensonges, mais surtout le dénis, seront des obstacles à la vérité. Dans la mise en scène du film, l'actrice qui joue la coupable est d'une froideur terrifiante par moment, elle semble toujours être à distance de ce qu'il se passe. Elle se tient toujours très droite, et ses longues tirades nous font aisément plonger dans la tragédie de son histoire. Il y a notamment une scène où l'écrivaine et la coupable se regardent dans les yeux. A ce moment précis, le sourire que la coupable accorde à l'écrivaine, terrifie cette dernière. Dans le sens où un sentiment horrible commence à naitre au fond d'elle, associé à l'identification qu'elle se fait de la jugée, elle a peur d'une chose, finir comme elle ou sa mère.
La film vient également nous questionner sur la thème du libre arbitre, s'il est évidemment facile de considérer la jugé comme un horrible monstre qu'il faudrait exclure de la société au plus vite. Le film ouvre le spectateur a une autre fenêtre de compréhension. S'il n'est évidemment pas question de nier l'évidence de l'horreur commise. faut-il pour autant nier également l'existence de forces extérieures, tout aussi évidentes, poussant la jugée à pousser cet acte horrible. Par force extérieure, le film dit la folie. C'est la folie qui aurait poussé la jugée à cet acte. Et si son emprisonnement ne fait aucun doute, la prise en charge médicale de son trouble l'est également.
Bref, un très beau film. Je n'ai pas épilogué sur la relation entre l'écrivaine et sa mère, sur la notion même d'être mère, ces moments auraient très bien pu apparaitre dans ma critique. Mais il faut bien que j'en garde un peu.