Après une décennie de silence, "Diam’s" (de son vrai nom Mélanie Georgiades) se livre face camera sur les raisons de la fin précipitée de sa carrière et de sa conversion à l’Islam. De ses tourments, de son mal-être, de ses tentatives de suicide (la première à l’âge de 14ans), de son heure de gloire, la célébrité, la richesse, les trophées à ne plus savoir quoi en faire, à la dépression et son internement en psychiatrie, avant de littéralement renaître et trouver un (nouveau) sens à sa vie grâce à sa conversation à l’Islam, à travers lequel elle trouvera la paix (Salam, de l’arabe سلام, signifie "paix").
En l’espace de 80 petites minutes, Diam’s se livre sans fard sur son passée et le mal qui la ronge insidieusement. Elle était alors au sommet du rap français (et plus généralement, du rap francophone) mais malgré cela, elle ne parvenait pas à trouver le bonheur, s’auto-mutilant, après des tentatives de suicide, elle aura beau avoir trouvé un exutoire dans l'écriture de ses textes, cela ne l’aura pourtant pas délivré de ses démons.
Internée en clinique psychiatrique en 2008, on lui diagnostique qu'elle est bipolaire. Droguée aux médicaments, elle parviendra à trouver une échappatoire qu’à travers l’Islam. Elle a beau avoir été baptisée et fait sa 1ere & 2eme communion, c’est pourtant l’Islam qui sera sa porte de sortie. Ce sera une révélation pour elle, les textes du Coran lui seront d’une grande clairvoyance.
Dit comme cela, on serait tenté de dire que nous sommes devant un film propagandiste islamique. Et c’est en cela que le film gêne et pose question, car Diam’s contrôle tous les aspects du film, elle le coréalise et le coproduit. Comment, dans une telle situation, peut-on être impartial et ne pas prendre fait et cause pour tel ou tel sujet évoqué dans le film ? Vous l’aurez compris, l’Islam prend une part (très) importante dans le film, elle ne nous épargne aucun détail de sa conversion, même la mise en scène appuie lourdement sur la symbolique du voile, puisque tous les intervenants du film (Dominique (sa mère), Vitaa, Nicole (sa manageuse), Benjamin (son producteur), Faïza (son autrice) ou encore Masta (son compositeur)) y apparaissent tous dans l’obscurité, où seule une lumière vient surligner le contour de leur visage, à l’image d’un voile ne laissant apparaitre que la blancheur du visage.
Mais la mise en scène ne s’arrête pas là, la plupart des plans sont à la fois d’une naïveté et d’une mièvrerie confondante. Son témoignage est entrecoupé d’images de paysages, de plages, de dauphins, de savanes, conférant au film un côté kitch alors que tout cela ne s’y prêtait pas. Le résultat se veut émouvant (la lourdeur d’avoir ajouté des chœurs en fond sonore) mais la surenchère est telle que cela fini par devenir limite indigeste. Le film de Diam’s plaide sa cause, sa pensée, sa vision des choses, ainsi que sa béatitude (le dernier tiers du film la montre en Afrique, via son association, venant en aide aux orphelins, d’ailleurs, le générique n’hésite pas à nous inviter à nous rendre sur le site de l’association pour y faire un don). Il aurait été bien plus judicieux qu’elle ne s’investisse pas autant dans le film, afin de le rendre impartial et donc plus juste envers les spectateurs, plutôt que de nous tromper sur la marchandise.
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