Andrew Davis se faisait la main ici sur un polar conventionnel, mais qui se laisse voir sans déplaisir. Il s'agit pour lui de bâtir une histoire solide autour d'une star du film d'action, en l'occurrence Chuck Norris, en la valorisant dans une succession de scènes musclées ; tout le film est construit autour de Chuck, à cette époque, il alternait les nanars bourrins et quelques bons films dont celui-ci fait partie.
Il s'agit d'un polar typique des années 80, sans fioritures, carré, sec, avec des ingrédients éprouvés, qui faisaient la joie des soirées vidéo du samedi soir, je m'en souviens très bien, j'avais entre 20 et 25 ans, et dans mes soirées entre potes, il y avait toujours un Chuck Norris, c'était un incontournable qui ensuite a eu des concurrents sérieux avec Van Damme et Seagal. Mais dans ce polar assez violent, qui parlait de tortures raffinées, de tueries sanglantes et de cravates colombiennes, sans oublier les coups de pieds que Chuck balance dans quelques sales gueules, il n'y a pas le côté bourrin de ses autres films d'arts martiaux comme la Fureur du juste ou l'Exécuteur de Hong Kong, il incarne un flic incorruptible confronté à la fois à un gang de trafiquants de drogue colombiens et à une bavure policière que ses collègues cherchent à étouffer. Il joue à Serpico, donc on lui fait la gueule et il se retrouve seul pour affronter les mecs de la filière colombienne, il y a donc un petit fond de psychologie sur la cuisine interne chez les flics.
Les scènes d'action sont efficaces et bien réglées, et Chuck qui façonne un personnage de flic à la façon d'un bloc de granit, n'est guère expressif mais il dégomme sec une armée de truands pour leur apprendre à vivre, il est bien épaulé par un reste de casting qui comprend notamment Henry Silva en chef de cartel vicieux et cruel, rôle coutumier pour un gars comme lui, ainsi que Dennis Farina, ancien flic devenu acteur qui commençait à être assez connu avant de se faire vraiment remarquer dans la série Crime Story qu'il tournera en 1986. L'épreuve est réussie pour Andrew Davis qui va lui aussi vite grimper très haut dans le registre du film d'action avec Nico (où il retrouvera Henry Silva encore en méchant imparable), puis Piège en hauter mer et le Fugitif. Un polar sans surprise mais très distrayant.

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le 24 mai 2020

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