Une Salomé gentillette
Salomé est un péplum réalisé en 1953 par William Dieterle. Comme souvent dans ce genre de cinéma, il convient de s'affranchir de toute référence biblique ou historique car l'imagination du...
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Salomé est un péplum réalisé en 1953 par William Dieterle. Comme souvent dans ce genre de cinéma, il convient de s'affranchir de toute référence biblique ou historique car l'imagination du scénariste, dictée par diverses contraintes politico-socio-religieuses peut-être, est au pouvoir.
Dans d'autres péplums (que je n'ai pas vus) comme dans l'opéra de Richard Strauss, Salomé tombera amoureuse de Jean-Baptiste puis devant son indifférence se vengera.
Ici, Salomé est utilisée par sa mère pour ses propres ambitions et, en parallèle, embrasse la "nouvelle" religion au bras d'un centurion.
Dire qu'une approche est meilleure que l'autre, je m'en garderai bien. Ce qu'on pourrait dire, c'est que l'angle pris dans les autres péplums ou dans l'opéra, permet d'accentuer nettement l'aspect dramatique. On pourrait même imaginer un aspect fatal, l'intervention du Destin.
Ainsi, le choix de William Dieterle conduit à un film sans grand caractère, un peu mou.
Et pourtant, il y avait de quoi faire avec le casting, qui est de choix !
Dans le rôle d'Hérode, un Charles Laughton "normalement" libidineux et dans le rôle d'Hérodiade, une "normalement" machiavélique Judith Anderson ...
Dans le rôle de Salomé, Rita Hayworth. Elle ne m'a pas toujours convaincu dans son rôle. Je me serais attendue à une fille possédant une dose un peu plus aigue de perversité. Cette perversité qui attire les hommes comme les mouches, si vous voyez ce que je veux dire.
Dans le scénario, elle avait été envoyée à Rome (pour ses études ?) et y faisait la fête. C'était un bon départ. Sauf que ça s'arrête là. Puis, en simplifiant un peu, elle se fait bannir et renvoyer en Galilée. Sur le bateau de retour, elle ne joue que les grandes dames en snobant tout le monde. Et là, il y avait de quoi faire, pourtant !
Puis parlons-en du centurion sur le bateau. Ah justement, c'est Stewart Granger. Qui tombe amoureux de Salomé, on se demande bien pourquoi ? A cause de la baffe que lui administre Salomé ? Ce n'est pas la perversité dont je parlais plus haut. C'est juste qu'il se fait baffer comme un trop entreprenant bonhomme. Et il en redemande, le bougre.
Stewart Granger. Bien sûr, il joue - très bien - la partition qu'on lui a donnée. Il est écartelé (doucement, hein - 1953) entre son amour pour Salomé, son respect inné pour Rome et sa foi pour son grand ami Jean-Baptiste.
Son grand moment, qui ne manque vraiment pas de sel, c'est celui où il cherche à convaincre le gouverneur de Galilée, Ponce Pilate que s'il veut l'immortalité, il faut qu'il reste bienveillant avec Jean-Baptiste et la nouvelle religion qui est en train d'apparaître, etc etc ... (un peu de second degré)
Heureusement, le grand moment du film, c'est la danse des sept voiles qui, elle, est parfaitement réussie : il y a bien sept voiles enlevés (il en reste encore un ou deux sur elle mais on est en 1953), la musique est sensuelle et sirupeuse à souhait et Rita, très belle. Le libidineux Charles Laughton a ses yeux qui lui sortent de la tête et la bave lui coule sur son menton tremblotant. La manipulatrice en chef, Judith Anderson, est hiératique et boit du petit lait quand elle demande à Laughton la tête de JB qu'il lui accorde en plein orgasme (heu, non, c'est moi qui interprète ; 1953, hein). La tête arrive sur un plateau d'argent conformément au cahier des charges.
C'est parfait et ça permet de donner la moyenne au film.
Au final, ce film est une déception car avec le casting, on pouvait vraiment s'attendre à quelque chose de plus enlevé, de plus coriace, de plus .... Enfin, un peu plus de ceci et un peu moins de cela et on aurait eu un très bon film...
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Créée
le 20 juin 2021
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