Voici un peplum biblique honnête mais qui manque un peu de souffle épique.
C'est certes une histoire plus intimiste que "Les 10 Commandements" par exemple mais le scénario met tout de même l'accent sur le grandiose et les batailles de légende et ne parvient pas malheureusement à atteindre son but.
Ici, à part Yul et Gina, rien ne dépasse la moyenne.
Le film ne tient que par son couple principal et ses interprètes. Même George Sanders en Adonijah n'est pas vraiment bon. Et pourtant, Dieu sait que j'aime George et tout ce qu'il fait.
Yul avec une perruque moche campe un Salomon plein de présence et de charisme même si on le sens un peu mal à l'aise. Peut être la rançon de récupérer le rôle tenu par Tyrone Power, mort peu avant la fin du tournage d'une crise cardiaque, ce qui l'oblige donc à porter perruque afin de ne pas avoir à retourner les scènes en plan large. La reprise d'un rôle qui peut s'avérer complexe dans la précipitation donc. Mais la classe de Yul et sa voix douce et profonde rendent son Salomon humain et grand.
Gina brille de mille feux en Reine de Saba : féline, sublime, charmante et sensuelle. Elle compose une Reine magnifique aussi bien dans la roublardise que dans la candeur.
J'ai un petit bémol pour la scène de danse orgiaque où Gina prouve qu'elle n'est pas danseuse mais où son costume intemporel est hypnotique.
Tous ces costumes d'ailleurs sont des anachronismes lamés, transparents et habillement retenus sur l'épaule. Qu'importe, ce n'est pas le premier peplum à habiller son héroïne comme si elle allait aux oscars! Mais dans ce cas précis, la constance du n'importe quoi force l'admiration.
D'un autre côté, quand on a la silhouette de Gina à filmer, il serait dommage de la cacher sous du coton épais, opaque et une coupe droite.
Comme dit plus haut, George Sanders peine à faire vivre Adonijah. Sa présence légendaire le sauve de l'invisibilité mais ce n'est pas sa meilleure performance.
Seule scène qui sort un peu de l'ordinaire, celle où Salomon vient proposer à son frère d'être à la tête de l'armée même s'il sait qu'il pourrait s'en servir pour le renverser. La scène est intéressante, bien écrite et les 2 acteurs jouent avec simplicité et subtilité; en particulier Sanders qui retrouve un peu de son ironie naturelle.
Marisa Pavan boucle le casting principal en jeune femme fade et falotte, amoureuse de Salomon qui mourra pour lui. Ni elle, ni le personnage n'ont grand intérêt malheureusement.
Une mention spéciale à Finley Currie, que j'aime bien, en Patriarche David, rôle tout désigné pour lui.
King Vidor fournit aussi une mise en scène honnête où les scènes tournées en studio devant des toiles peintes ne peuvent être dissimulées mais qui fait un effort pour magnifier ses personnages principaux. Il tente aussi de filmer une fresque biblique au contenu hautement sexuel comme si c'était une romance victorienne et il a du mal, ce que je comprends volontiers. La seule scène un tant soit peu torride entre nos héros étant interrompue par Dieu lui même: Le code de bienséance (dans ses derniers feux) personnifié!
Les scènes de bataille emportent grâce au nombre de figurants et les décors naturels mais sont peu chorégraphiées : les figurants remuent mollement leurs épées en fer blanc avant de se laisser inopinément tomber sur un bout pointu qui passait par là. Le dernier duel entre Salomon et Adonijah est assez pathétique de ce côté là.
Un belle histoire d'amour, un peu sulfureuse, qui aurait mérité plus d'audace (l'époque en était quand même capable) sauvé de la simple moyenne par le pouvoir de ses stars.
C'est agréable à regarder malgré tout.