Une fresque biblique soignée

On peut considérer ce film comme une réussite du film biblique à grand spectacle tel que Hollywood en concevait dans les années 50, rappelons-nous les Dix commandements. Il fut tourné en Espagne où le réalisateur reconstitua le royaume d'Israël avec une réplique du temple de Salomon et un quartier entier de l'antique Jerusalem dans les studios de Séville. Les scènes de bataille furent tournées dans le désert proche de Saragosse, dont la fameuse scène finale qui est le clou du film, avec la participation de 5000 soldats espagnols vêtus en Egyptiens.
Au départ, c'était Tyrone Power qui incarnait le roi Salomon, mais il succomba à une crise cardiaque le 15 novembre 1958 lors de la scène de duel final avec George Sanders ; Yul Brynner le remplaça au pied levé (avec une perruque), et il fallut retourner toutes les scènes où Tyrone apparaissait, soit près de la totalité du film. Dans son rôle, Yul ne démérite pas, il fut un très bon Ramsès dans les Dix commandements, et un grand roi de Siam dans le Roi et moi, il avait donc l'expérience des rôles de ce calibre, et il arbore cette prestance virile et majestueuse dont il était coutumier et que j'ai toujours admiré chez lui. Le budget colossal alloué par la production permit aux directeurs artistiques de soigner particulièrement les décors, armes et costumes, ainsi que les toilettes très seyantes de Gina Lollobrigida, à défaut d'une véracité historique, et la musique un peu ethnique de Mario Nascimbene donne de la puissance à cette fresque biblique ; les seconds rôles sont excellents (le vieux Finlay Currie spécialisé dans les rôles de patriarches, ici un roi David vieillissant, Harry Andrews dans un rôle de conseiller sabéen, Laurence Naismith en grand prêtre mais futur juge Fulton de la série Amicalement vôtre... de même que George Sanders excelle toujours autant dans les rôles de méchants). Le résultat de tout ce soin est visible sur l'écran, et on peut le savourer.
A noter une bonne VF avec Yul qui s'est doublé lui-même, dans un français impeccable, ainsi que Gina dont l'accent italien convient à une reine sabéenne (contrée située jadis dans l'actuel Yemen).