D'abord, une remarque préliminaire à cet avis concernant le film de King Vidor : ne jamais regarder ce film avec quelqu'un féru dans les textes Bibliques parce qu'il vous démonte le scénario en deux temps trois mouvements… Il est alors ensuite plus difficile d'adhérer au film…
Mais, quand on accepte de passer outre, alors on découvre un splendide péplum racontant l'accession de Salomon au trône de David et les amours de Salomon avec la Reine de Saba venue consulter la sagesse légendaire du roi Salomon, en fait en mission pour le compte de l'ennemi héréditaire égyptien.
Tous les ingrédients du bon péplum sont bien présents : un contexte majestueux, la démesure des décors et des figurants, des traitres qui veulent s'emparer du pouvoir, du romanesque. Ici, le contexte biblique apporte les inévitables conflits supplémentaires entre spiritualité, pouvoir politique et amour d'une étrangère, païenne de surcroit.
Côté distribution,
Finley Currie est l'incontournable acteur de péplum préposé aux rôles de vieux sage ou vieux rois ou vieux prophètes ; ici il campe un roi David mourant.
Gina Lollobrigida est une reine de Saba, belle et sensuelle, magnétique avec sa voix envoûtante et son charmant accent français qui apporte la touche d'exotisme oriental qu'il fallait.
On sait que Yul Brynner reprit le rôle à la volée suite à la défaillance de Tyrone Power. Je ne sais ce qu'aurait donné le film avec Tyrone Power mais la présence, le charisme, l'intensité du regard de Yul Brynner impriment une grande crédibilité et une grande force au personnage du roi Salomon.
Le rôle du traitre de service est assuré ici par un Georges Sanders qu'on ne sent pas vraiment à l'aise. Je ne saurais dire si c'est que le rôle ne l'inspirait pas ou bien si le personnage aurait mérité d'être un peu plus fouillé au niveau scénaristique. D'abord, le bon traitre se reconnait car c'est écrit sur son front. Alors, évidemment, la belle prestance de Georges Sanders, ça ne le faisait pas vraiment.
Côté mise en scène, on sent tout le poids du métier et l'expérience des mouvements de foule et des reconstitutions de bataille chez King Vidor dont c'est un des derniers films.
La scène qui menaçait d'être torride entre reine de Saba et Salomon est opportunément interrompue par la foudre immanente qui détruit le dieu concurrent (pas vraiment beau, d'ailleurs). Ça a failli mais non. Comme la scène du bain de la reine de Saba : c'est fou ce que les serviettes avaient tendance à glisser mais non, c'était sans compter avec l'adresse de la servante pour rattraper de justesse…
Les décors faisaient bien en carton pâte mais quand on aime, il ne faut pas trop regarder. Et puis je préfère un bon vieux décor en carton pâte grandeur nature avec des fresques peintes (avec souffleries et tout le toutim) qu'un truc numérisé comme dans les films actuels (avec les drapeaux et étendards qui flottent toujours vaillamment dans la même direction avec la même vitesse supposée du vent)
Bon film, agréable à regarder avec deux acteurs Yul Brynner et Gina Lollobrigida très convaincants.