Salauds! ou les (plus de) 120 minutes de Sodome
Tinto Brass a comme principal malheur de ne pas s'appeler Luschino Visconti ou Pier Paolo Pasolini. En effet, ces deux cinéastes ont tourné dans les années 70 deux films sur la période fasciste aujourd'hui reconnus malgré leur traitement scabreux, alors que ce salon Kitty a été traité de "Nazisploitation" et jeté à la poubelle, tout juste bon à meubler les 3èmes parties de soirée sur Paris Première! Pourtant Salon Kitty n'est pas un film d'exploitation racoleur et minable mais une parabole sur la corruption de la société.
L'érotisme proposé n'a pas été conçu pour exciter le chaland, mais pour choquer le bourgeois (ou alors pour satisfaire une minorité de pervers qui vont après se justifier en surnalaysant le film, à vous de décider). Le réalisateur s'attarde autant sur la nudité masculine que féminine, et nous propose plusieurs scènes de sexe "déviantes" : copulation avec un déporté juif dans son uniforme, un nain, un cul-de-jatte, ... Toutes ces scènes sont conçues pour montrer l'aliénation de jeunes femmes fanatiques manipulées pour des motifs vénaux. En effet l'officier protagoniste (Helmut Berger) est juste un immonde aventurier qui profite du dévouement de ces crétines de quoi faire chanter "l'élite" du Reich et ainsi accroître son pouvoir personnel.
C'est assez étrange à remarquer mais le nazisme en tant que tel est peu présent. Les officiers n'y croient pas : l'un est un aventurier cynique et l'autre un combattant désabusé. Hitler n'est qu'une grotesque image de cinéma. Quant à la pseudo élite, guidée par une parodie trash de Marlène Dietrich, elle semble surtout représenter ce que le nazisme était censé combattre. Brass nous propose la vision universelle d'une société décadente, digne du sous-empire romain.
Je ne recommande pas ce film aux personnes sensibles, mais au-delà de ses oripeaux vulgaires et scabreux, ce film vaut le coup.