Saltburn
6.2
Saltburn

Film de Emerald Fennell (2023)

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Je ne peux que saluer l'effort d'Emerald Fennell, qui s'est efforcée d'écrire un récit original, sans adapter une oeuvre existante. Ce qui de nos jours est de plus en plus rare. Le problème, c'est qu'en faisant cela, les oeuvres dont on s'inspire immanquablement ressortent en général de manière visible.

"Saltburn" se centre sur Oliver, étudiant sans le sou débarquant fraîchement à Oxford. Intelligent et travailleur, il ne parvient pas à s'intégrer parmi les riches insouciants. Jusqu'à une rencontre fortuite avec Felix, fils d'une famille aristocrate. Celui-ci va le prendre sous son aile, et l'inviter à passer l'été à Saltburn, son manoir familial.

Il y a un petit côté "Rebecca" pour la demeure imposante et le personnel hostile. Mais c'est évidemment l'ombre de "The Talented Mr. Ripley" qui plane sur une grande partie du récit. Avec ce protagoniste qui se révèle être un parasite social manipulateur des plus retors. Si les grandes lignes sont déjà vues, "Saltburn" bénéficie de beaucoup de qualités qui en font bien un film unique.

Déjà, la photographie est très belle, exploitant les rues d'Oxford, ainsi que Drayton House, manoir qui n'avait auparavant jamais servi pour un tournage. Le format d'image en 4:3 est un peu étonnant, mais permet de rendre dérangeantes les séquences où nos acteurs sont en gros plan.

Et du dérangeant, il y en aura ! Emerald Fennell prend un malin plaisir à tourner plusieurs scènes malsaines. Parfois avec un humour noir, parfois avec une perversité très crue. Je citerai le final surprenant sur la forme (qui a remis la chanteuse Sophie Ellis-Bextor temporairement en tête de certains charts !). Ou des scènes sexuelles pour le moins étranges. Clairement, "Saltburn" n'est pas à mettre en toutes les mains.

Le film a également un message très directs envers les ultrariches. Les dépeignant comme des gens vulgaires, égoïstes, déconnectés des réalités, extravagants. Et surtout, incapables d'échapper au danger des prédateurs sociaux. Soit parce qu'ils n'en ont pas conscience, soit parce qu'ils ne sont pas assez fins pour s'en protéger.

Un portrait que certains trouveront caricatural et simpliste. Néanmoins je pense que c'est voulu, en tout cas cela amène des touches d'humour noir réussies. Et les acteurs s'en donnent à coeur joie dans cet esprit.

Rosamund Pike et Richard E. Grant en aristo pétés. Archie Madekwe en cousin bien relou. Jacob Elordi en objet insaisissable du désir de notre protagoniste. Et évidemment, Barry Keoghan bien louche en visiteur qui fait son trou, dans une prestation qui rappelle un peu celle de "Killing of a Sacred Deer". Le choix de l'acteur est un peu étonnant, car il est clairement trop âgé pour un étudiant (30 ans). Mais peut-être cela fait-il aussi partie du malaise ?

Redzing
7
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le 28 janv. 2024

Critique lue 23 fois

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