Le "Zapata" est un type de Western qui prend place durant la révolution mexicaine de 1910. Quand c'est réussi, ce genre à un style particulier qui sait se différencier des Westerns classiques ou spaghettis habituels. Et c'est le cas ici, Saludos Hombre est la plus grande réussite que Sergio Sollima ait réalisé dans le genre.
Bien entendu, niveau mise en scène, l'influence de Leone se fait ressentir, mais ce dernier à surement du également, de façon réciproque, être inspiré par Sollima pour réaliser notamment Il était une fois la Révolution trois ans plus tard. Les plans de caméra, et la mise en scène dans son ensemble est assez lente quand il le faut, mais sait également être rythmée quand il le faut. Toute cette partie est vraiment réussie dans son ensemble, et malgré quelques plans qui peuvent sembler étranges, il est clairement au dessus du lot de tous ces Westerns italiens qui sont sortis par dizaines durant cette décennie.
Mais une mise en scène sans une histoire intéressante serait frustrante. Ce n'est pas le cas ici. La Révolution mexicaine qui fait office de trame de fond est bien retranscrite dès le début du film et ce durant tout le long. Porfirio Díaz est alors l'homme à chasser. Ici, la Révolution est dépeinte sous un traît relativement pessimiste. La frontière entre bons et mauvais est plus que jamais floue, et beaucoup de "révolutionnaires du peuple" sont finalement des lâches ou des malhonnêtes...
Ce qui donne également cette ambiance forte dès les premières minutes, c'est bien évidemment la musique de Bruno Nicolai, mais également, et on le sent alors même qu'il n'est pas crédité dans le film, la remarquable prestation de Ennio Morricone. Comme d'habitude pour lui, finalement !
Saludos Hombre étant une suite de Colorado (excellent film que je conseille également), on y retrouve du côté des personnages Cuchillo, "couteau" en espagnol, préférant se battre dans les duels avec son outil fétiche plutôt qu'un revolver. Interprété de façon grandiose par Tomas Milian, on est réellement en présence ici d'un personnage charismatique, surtout pour ceux ayant vu Colorado, ou on aura dans ce cas la un plus grand plaisir encore à le retrouver. Mais ce n'est pas le seul personnage fort du film, il y a entre autres une "religieuse" paumée, deux agents du gouvernement sans grands scrupules, ou encore la femme de Cuchillo fort en caractère.
Mais alors, que reprocher à ce film ? Pas grand chose finalement. Si il manque encore quelques petites choses, comme des scènes absolument cultes (on en serait pas loin), on tient ici un grand film du genre, assurément, et malheureusement trop sous-estimé, du fait du surplus de Westerns spaghettis sortis durant la même période. Pourtant, celui la a tenté quelque chose de différent.