En 1974, Fernando Di Leo sortait tout juste de sa trilogie du milieu, qui s'était conclue avec le violent et nihiliste "Il Boss". Le réalisateur ne s'assagit aucunement avec "Il poliziotto è marcio".
Luc Merenda et sa tête de vainqueur angélique campent un commissaire efficace et apprécié à Milan. Sauf qu'en réalité, il est payé par un gangster local pour faciliter de petits trafics. Son propre père, un sergent de police, ignore tout de ses activités réelles et voit son fils comme un héros.
Un jour, la pègre demande à notre homme de se débarrasser d'une banale plainte pour stationnement gênant. Un petit grain de sable qui va démarrer un très sordide rouage...
"Il poliziotto è marcio" a ainsi l'originalité de présenter un protagoniste très trouble. Dans un récit monstrueusement noir. Les deux tiers du film dépeignent un sinistre tableau des forces de police, et une ville où la justice n'a plus cours. Pour preuve, la moindre perturbation peut avoir des conséquences dramatiques. Tandis que la dernière demi-heure est particulièrement sauvage, les exécutions s'accumulant froidement !
Dont cette scène sordide où la mafia assassine un honnête citoyen napolitain en le faisant suffoquer... ainsi que son chat !
Jusqu'à une scène finale dont le nihilisme rivalise avec celui de la trilogie du milieu.
Par ailleurs, l'ensemble n'a rien d'un étalage de violence. Fernando Di Leo offre une bonne caractérisation de son protagoniste, à travers le conflit moral qui l'oppose à son père. Flic de carrière persuadé de l'intégrité de son fils.
Le réalisateur sait également mener sa barque, avec un film rythmé. Fusillades meurtrières et poursuites bien senties seront au menu (cascades signées Rémy Julienne).
A noter la présence de Raymond Pellegrin en gangster. Mais n'espérez pas entendre sa fameuse voix caverneuse dans la version italienne, il est doublé.