Mortelle corruption
Après avoir livré la trilogie du milieu où il s’intéressait à des petites mains de la mafia, Fernando Di Leo déplace son regard sur celui de la police. Avec un positionnement qui, d’emblée, s’éloigne...
il y a 6 jours
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Après avoir livré la trilogie du milieu où il s’intéressait à des petites mains de la mafia, Fernando Di Leo déplace son regard sur celui de la police. Avec un positionnement qui, d’emblée, s’éloigne de celui de ses contemporains. Entre flic impitoyable aux méthodes peu orthodoxes et portrait d’une police corrompue, Fernando Di Leo ne choisit pas. Son personnage principal incarné par Luc Merenda est aussi bien un flic de choc qu’un flic corrompu. Plutôt que de se ranger derrière une vision politique sans nuance, le réalisateur italien renvoie tout le monde dos à dos. Assurément, le propos est intéressant et évite les habituelles caricatures inhérentes au genre, mais l’exécution n’est pas à la hauteur du projet. Alors que la trilogie du milieu brillait par son efficacité, la justesse de ses portraits et une approche presque melvillienne des situations, Salut les pourris sonne régulièrement faux. La faute à des personnages pas assez ambigus et, surtout, à un script qui peine à passionner auquel le réalisateur a, de façon artificielle, ajouté quelques séquences d’action qui ont le mérite d’être particulièrement efficaces avec, notamment, de jolies courses-poursuites automobiles.
Pour le reste, il manque cette approche tragique qui faisait la grande réussite de la trilogie du milieu. Si on comprend rapidement que la situation des différents personnages va forcément évoluer dans le mauvais sens, le réalisateur ne parvient pas à installer une proximité suffisante avec ces derniers. Que ce soit Richard Conte, Raymond Pellegrin ou leurs hommes de main, aucun n’attire la sympathie, et la ligne qui les sépare du commissaire est trop épaisse pour qu’une quelconque empathie s’empare du spectateur. Le commissaire Malacarne (dont le nom est déjà tout un programme) est, par ailleurs, trop sûr de lui pour sentir la mécanique de la tragédie s’emballer autour de lui. Le lien avec son père est, par ailleurs, trop caricatural. Du coup, quand celle-ci se met en branle, comme souvent chez Di Leo, elle s’exprime par la violence au cours d’une dernière demi-heure où les règlements de comptes se multiplient soutenus par une musique d’abord jazzy puis presque électronique de Luis Bacalov. À l’image du film, la partition musicale cherche à s’imprégner d’ambiances qui s’éloignent quelque peu du genre.
Si l’ensemble ménage de jolis moments de cruauté avec des exécutions soignées, on ressort néanmoins globalement frustré d’un film qui ne parvient pas à se mettre à la hauteur de son sujet. Moins percutant que ses précédentes réalisations, ce titre de Fernando Di Leo annonce une deuxième parie de carrière dans le polar italien beaucoup moins excitante. Il faut reconnaître qu’il avait visé très haut pour son entrée dans le genre.
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