Sur "Catgroov" de Parov Stelar, le film s'ouvre dans une ambiance clinquante et insouciante. En suivant le gâteau on quitte la fête pour entrer dans l'arrière-cuisine. Comme l'allégorie d'une France coupée en deux. Celle au turbin et celle au festin. L'idée est au départ pas inintéressante évidement, le traitement qu'il en est fait par la suite est beaucoup plus hasardeux.
Si l'introduction présente le postulat avec un soupçon d'intelligence, tout le reste est écrit sans aucune cohérence ni subtilité. Une succession de clichés et de raccourcis.
Dans le monde de Nakache et Toledano tous les noirs se ressemblent, même avec plusieurs décennies de différence d'âge. Dans le monde de Nakache et Toledano un noir habillé en costard est dévisagé par toute une rame de métro. Mais dans le monde de Nakache et Toledano tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Dans le monde de Nakache et Toledano l'autorité est à la fois oppressante et « pas très regardante ». Dans le monde de Nakache et Toledano, n'importe qu'elle pièce d'identité traficoté ouvre les portes de l'Eldorado. Dans le monde de Nakache et Toledano les gens sont tous extravagants. Dans le monde de Nakache et Toledano la pub Coca c'est la vraie vie.
Sûrement pour brosser un large plaidoyer sociétal plein de bons sentiments, le scénario est fournit de bons nombres de personnages, beaucoup trop. D'autant qu'ils sont extrêmement caricaturaux. Entre Samba, qui est d'une immense bonté, et Alice, elle d'une très grande fragilité, beaucoup de choses se posent et s'opposent. Manu et Wilson eux forment un duo d'insupportables. Les traits sont tellement grossis que ça amène une ou deux allusions délassantes. Le carré d'as en tête d'affiche est gâché !
Ce n'est décidément pas l'année de Charlotte Gainsbourg, perdue dans "Nymphomaniac" et poussive dans "3 Cœurs". Ce n'est pas qu'elle soit mauvaise ici, mais le rôle ne semble pas lui correspondre (au dessus de cette vacuité sûrement). Elle n'est pas franchement convaincante. Au départ c'est même une catastrophe de maladresse et de tristesse. Lorsque son personnage s'affirme elle gagne en présence et surtout en crédibilité. Au demeurant elle se révèle très bonne danseuse. Omar Sy est bon dans son registre de clown touchant, c'est tout de même redondant. Tahar Rahim signe son premier faux pas en dragueur plus que lourdingue, Izia Higelin se retrouve enfermée dans un rôle d'une arrogance fatigante. Seul Hélène Vincent et Omar Sy apporte une petite touche d'humour simplement efficace.
Toutes les vannes, en plus d'être condensées dans la bande-annonce, sont aussi usées par leur stupidité. Des inepties très mal vendues par ses interprètes (quelques exceptions faites pour Omar Sy donc, et le casting senior).
Dans se florilège de niaiseries on peut sauver la bande son. Le choix des pistes est assez entraînant et plutôt bien utilisé.
Au contraire d'un ventre mou, "Samba" fait preuve d'un léger sursaut de justesse. Au bout d'une interminable première heure qui pose les bases plus que bancales, les personnages se confrontent davantage. Comme les acteurs sont pas dénués de talent, on entraperçoit un peu d'authenticité. Cela va se perdre rapidement dans l'immense vide du récit.
En plus d'être absolument raté dans sa construction, le scénario est profondément incorrect. Vision tellement grotesque de la société. Sous des airs militants le film tend finalement plus a cataloguer que rassembler.
Plein de poncifs et de complaisances, "Samba" sonne encore plus faux que "Intouchables". Un étalage de bons sentiments rasoir et des effets appuyés à excès qui ne fonctionnent pas.