Pour une fois, c'est une bonne idée des distributeurs français que celle d'avoir troqué un titre original aussi banal que You are not my Mother pour celui de Samhain, plus inquiétant puisque évoquant la première des quatre grandes fêtes religieuses de l’année gaélique, ancêtre de Halloween. L'ambiance sinistre du film est parfaitement posée, davantage dans l'esprit d'un drame psychologique mentalement suspect et surnaturel que dans le registre de l'épouvante pure. C'est une œuvre presque exclusivement féminine, réalisée par l'irlandaise Kate Dolan, avec trois générations confrontées à l'étrange roman familial, lequel a beaucoup à voir avec le folklore gaélique et les feux de joie (façon de parler) sacrificiels. La cinéaste n'a bénéficié que d'un budget limité mais cela ne l'empêche pas de créer une atmosphère lugubre, au service d'un récit très maîtrisé et qui s'éloigne aussi bien de la modernité (le film se passe avant l'apparition des téléphones portables) que des effets les plus voyants de l'horreur. S'appuyant sur une interprétation impeccable et un montage clinique très efficace, Samhain ne cherche jamais à en mettre plein les yeux, se construisant patiemment et intelligemment au fil des minutes, avec pour le spectateur la sensation physique de vivre la même chose que son héroïne adolescente (le film pourrait d'ailleurs s'analyser comme une sorte de métaphore de l'âge ingrat, avec l'amour/rejet de la mère).

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le 2 avr. 2022

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