Auteur en 1992 d'un "Baraka" qui aura dilaté plus d'une pupille, Ron Fricke remet le couvert presque vingt ans plus tard, aux commandes d'un projet encore plus colossal tourné sur cinq ans dans vingt cinq pays.
Indiscutablement, "Samsara" envoie du lourd niveau images. Ron Fricke et son équipe nous offrent une suite de tableaux purement dantesques, à la beauté fracassante, jouant beaucoup sur le contraste entre des paysages naturels presque immaculés et un univers industrialisé à outrance, le tout par le biais d'un montage exemplaire et dynamique.
Malheureusement, si "Samsara" est formellement une bombe, son propos n'apporte absolument rien de neuf. Alors oui, comme le montre le cinéaste avec la subtilité d'un éléphant, l'humanité va mal, se rapproche inexorablement du gigantesque gouffre qu'elle a elle-même créée. L'être humain est devenue sa propre caricature, en est réduit à vivre sa vie par procuration et à baiser des êtres artificiels avant de muter doucement mais sûrement en poupée de silicone. Est-ce l'homme qui contrôle la machine ou est-ce l'inverse ? La question mérite effectivement d'être posée. Le problème c'est que "Koyaanisqati" (auquel a participé Ron Fricke) tenait déjà le même discours avec pratiquement trente ans d'avance.
Le constat est un peu le même en ce qui concerne l'émotion. Alors qu'un film comme "Baraka" était parvenu à m'hypnotiser et à m'émouvoir profondément, "Samsara" n'a rien provoqué chez moi, hormis bien sûr une certaine fascination pour la beauté de ses images. Une déception pour ma part qui mérite cependant le coup d'oeil, ne serait-ce que pour le travail colossal accomplie.