C'est surement la chose que l'on retiendra de Samsara, sa grande diversité picturale ayant tendance à faire oublier les magnifiques plans vus l'nstant d'avant pour les remplacer par d'autres tout aussi éblouissants. Pour ce genre de plaisir visuel, on peut louer les qualités techniques de la chose, qui viennent taper dans un registre cinématographique pur. Muet, dépouillé d'effets (les transitions sont brutes, assurées simplement par les couleurs ou la thématique globale suivie par le film), porté par une bande sonore quasi omni présente, le film vise à créer un état hypnotique et à effacer tous les artifices du cinéma pour laisser parler les images. Car un plan, une photo, chaque image contient une orientation ou un message implicite. C'est surement là que le film se révèle, tant il semble évident que chaque portrait humain intervenant au milieu du film est scénarisé. Quand on voit un plan de la puissance du soldat brûlé au napalm au milieu d'un cimetière, le doute n'est pas permis. Mais si les images sont donc pliées à une logique suivie par le film (en se lançant dans quelques dénonciations classiques sur la guerre, la société de consommation...), la puissance même de ces plans efface les intentions pour laisser parler les images mêmes, toutes incroyables. La netteté des détails, leur abondance, la grande cohérence entre la bande son et ces images, tout vise à créer un tout cohérent et une véritable expérience de cinéma à part (un peu comme les ambitions qu'avait The Fall), et pas seulement un tour du monde orné de cartes postales (ce sont les 10-15 premières minutes du film, qui amorce par la suite sa progression dans ses thématiques). Pour le plaisir sensoriel, l'expérience se doit d'être vécue au moins une fois, sur le plus grand écran disponible.