Dwayne Johnson, le mec le plus badass du moment (il suffit de voir ses scènes dans Fast & Furious 7), dans un film de destruction massive à la 2012 ? La couleur est annoncée d’emblée : San Andreas fait partie de ces divertissements qui ont nullement l’intention de prendre la tête du spectateur, son but étant avant tout d’amuser avec une crétinerie pleinement assumée. De quoi passer un agréable moment avec ce semblant de grand 8 à l’américaine qui délivre moments de bravoure intenses et tout un lot de séquences numériques fracassantes. Le nouvel Armageddon, en quelque sorte ? Eh bien… le fossé se révèle être bien trop large pour que San Andreas puisse être à la hauteur du délirant film de Michael Bay.
Avant de s’attaquer à ce qui ne va pas dans ce film, penchons-nous d’abord sur ses points positifs, à commencer par les scènes de destruction tant fantasmées à partir des nombreuses bandes-annonces. Oui, elles ont plutôt fière allure du point de vue visuel (même si d’autres longs-métrages ont déjà arboré meilleure qualité), sont détaillées au possible et bien réalisées. Sans compter que le montage se permet de les étaler équitablement sur toute la durée du film, afin d’avoir un rythme assez soutenu qui divertit amplement. Même le fait d’avoir Dwayne Johnson à l’image apporte un petit plus à l’ensemble, le comédien, même s’il n’a pas un talent fou, parvient à séduire rien que par son charisme inné (et ça, ce n’est pas vraiment une nouveauté chez lui). Voilà, maintenant que les « qualités » sont dites, passons à ce qui fâche !
Le gros problème de San Andreas provient principalement de son scénario. Attention, je ne parle pas de l’histoire à dormir debout de ce père qui vole au secours de sa fille dans un San Francisco en pleine débâcle. Cela, les films dits catastrophes nous resserrent constamment cette trame sans jamais se renouveler, s’en servant comme prétexte afin de présenter des situations invraisemblables pour le délire et le spectaculaire du projet. Et c’est justement là d’où vient le problème de San Andreas : le film se prend trop souvent au sérieux, alors qu’il avait tous les atouts en poche pour être un gros délire bien bourrin se jouant des clichés du genre ! Pouvant même aller jusqu’à s’amuser de l’icône bodybuildée de Dwayne Johnson pour certaines scènes (fracasser un mur à coup d’épaule, arracher la portière d’une voiture – quoiqu’il le fait furtivement –, briser à main nue une vitre en plexiglas…). Mais non, au lieu de ça, le long-métrage nous sert des moments dramatiques barbants et inutiles (pourquoi nous faire un flash-back sur sa seconde fille décédée, franchement ?), de la niaiserie à tout-va provoquant indigestion et indignation, du ridicule désespérant et des répliques à gerber. Un cliché de 1h54. Navrant, tout simplement !
Et il suffit de ce défaut pour gâcher tout le reste du projet. Pour cause, à trop se prendre au sérieux, San Andreas nous empêche de le voir au-delà du premier degré et d’apprécier la fun attitude qu’il semble pourtant dégager. Car oui, le film avait en poches certains passages tout bonnement jouissive sur le papier (comme celle du tsunami) mais qui n’arrivent pas à se mettre suffisamment en valeur pour effacer toutes cette surdose de bons sentiments, des comédiens à baffer (Alexandra Daddario en tête), ces plans qui puent le Hollywood concept et ces airs de patriotisme utilisés à l’excès (l’image du drapeau américain à la fin est la plus lourde qui m’ait été donnée de voir dans un divertissement de ce calibre). Pour dire, les trop rares moments où le film se lâche totalement passent inaperçus (les punchlines de Johnson, le visionnage au seconde degré…). Au lieu d’être aussi jouissif qu’Armageddon, qui se montrait hautement débile sans jamais sans cacher, San Andreas n’est qu’un gros film à effets spéciaux grotesque, lourdingue et qui ne parvient même pas à se montrer aussi fun que ne l’avait été 2012, malgré ses nombreux défauts.
Dire que le film souffre de la sortie percutante de Mad Max : Fury Road serait une défense envers San Andreas bien trop facile. À défaut de l’égaliser (et ce n’était pas gagner d’avance), il aurait très bien pu se contenter d’être le plaisir coupable du moment. Peine perdue tant ce qui nous est offert là n’a pas l’amplitude suffisante pour faire suffisamment de dégâts. Oui, San Andreas n’a pas l’ambition d’être un chef-d’œuvre. Il ne l’a jamais eue, d’où l’intérêt de s’orienter plus vers le délire qu’autre chose ! Mais non, le réalisateur et son équipe ont joué la carte de la paresse, n’allant jamais plus loin que leur postulat de base et se contentant de leurs séquences de destruction ainsi que de l’aura de Dwayne Johnson. Seulement voilà, ce n’est pas assez pour faire un film un chouïa potable…