Depuis la renaissance des films catastrophes dans les années 90, ceux-ci sont réduits au cinéma qu’à de vulgaires nanars (Dante's Peak, Daylight, Armageddon et la majeure partie des films de Roland Emmerich). Souvent invraisemblables et à la gloire de la toute puissance des États-Unis ils véhiculent des morales pompeuses et dérangeantes par leurs visions presque candides de la mort et de la destruction à grande échelle. Ces films ont érigés une véritable colonie de clichés devenant même un cahier des charges que s’emploient à suivre à la lettre chaque nouveau film de catastrophes devenant par la sorte de véritables échecs artistiques ambulants. Honnêtement cela fait un moment qu’il n’y a pas eu de bons films de catastrophe, à se demander même si il y en a déjà eu. En tout cas San Andreas fait partie des films qui cumulent tous les poncifs du genre.


Déjà le scénario se montre incroyablement risible et prévisible car il n’est qu’un succession de clichés allant de la blonde un peu stupide qui lit ses sms au volant au riche mégalomane égoïste qui se révélera être une ordure en passant par la bonne famille américaine qui n’hésite pas à se précipiter dans le danger pour sauver son prochain. Honnêtement quand l’on voit qu’ils se sont mis à 6 pour nous pondre un scénario de cette envergure, on peut dire que c’est du génie… On comprend maintenant pourquoi ça va aussi mal à Hollywood. Car il n’y a absolument rien dans ce film, l’écriture des personnages est de niveau maternelle avec l’habituel trauma familial qui torture le héros et le pousse à se surpasser, la famille recomposée avec la mère qui s’est marié avec un homme riche d’apparence sympathique mais qui se révélera être un salaud égoïste, la fille qui est intelligente, belle et « débrouillarde » et etc. Il y en a même qui sont totalement inutiles au récit et qui ne sont là que pour faire du remplissage comme le professeur qui étudie les séismes et son équipe. De plus la plupart des personnages sont stupides et prennent les pires décisions possibles, seul le héros du film aura un peu de jugeote et encore car quand on n’est pas capable de voir une immense crevasse à moins de 10 mètres sur une ligne droite on ferait mieux de retourner se coucher. Et n’oublions pas de dire aussi que le film est limite raciste car le premier (voire le seul) personnage d’importance qui meurt est asiatique et que lorsque les personnages ont besoin d’appareil électroniques ils vont dans le quartier chinois, niveau stéréotypes insultants le film atteint des sommets.
Dans tout cela on a les acteurs qui surnagent tant bien que mal pour essayer de se montrer convaincant même cela ne fonctionne que rarement. Dwayne Johnson prend trop son rôle au sérieux et en fait donc beaucoup trop, étant constamment à coté de la plaque renforçant le côté nanardesque du film. D’ailleurs ils sont tous plus où moins dans le surjeu notamment Paul Giamatti même si il en ressort une certaine grâce, il s’amuse comme un petit fou et arrive à nous prendre au jeu. Sinon les autres relativement insignifiants à l’image du caméo de Kylie Minogue mais il faut reconnaître qu’Alexandra Daddario s’en sort plutôt bien, elle se montre souvent très juste et elle est sans conteste l’atout charme du film. Elle justifie à elle seule le déplacement.
Il n’y a plus grand-chose d’autre à dire sur le film. D’un point de vue technique les effets spéciaux sont tantôt réussie tantôt très laids, le montage est relativement correct assurant un rythme soutenu et la musique se montre pompeuse et agaçante. Sinon la mise en scène de Brad Peyton est à l’image du reste, c'est-à-dire mauvaise. Que ce soit dans la manière de présenter ses personnages de façon caricaturale (l’introduction du film atteint des sommets de ridicule), l’enchaînement des catastrophes et les moments émotions, le réalisateur en fait toujours trop, se contentant juste de singer le travail déjà bancal d’un certain Roland Emmerich. Seul un plan séquence se montre plutôt bien foutu par sa maîtrise chirurgicale et sa durée.


En conclusion San Andreas est donc un très mauvais film et il n’y a pas besoin de tergiverser trop longtemps sur lui. Le film fait même office de cas d’école dans tout ce qu’il ne faut pas faire au cinéma, ici rien ne fonctionne que ce soit sur le spectacle ou l’émotion. On est face à un produit fade et incroyablement plat qui en plus se prend terriblement au sérieux et ne mérite d’être vu qu’avec une bande de potes près à relever toutes les imbécillités du film (et il y en a beaucoup) et se marrer un bon coup. Un nanar à l’état pur.
Critique sur le site cineseries-mag.fr

Frédéric_Perrinot
2

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Flop 2015

Créée

le 30 mai 2015

Critique lue 1.4K fois

10 j'aime

1 commentaire

Flaw 70

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

10
1

D'autres avis sur San Andreas

San Andreas
Behind_the_Mask
7

De l'influence des catastrophes naturelles sur la famille américaine en milieu urbain

Il est curieux de voir à quel point certains genres de films sont bâtis sur les mêmes ressorts. Tenez, le film catastrophe, par exemple. Au début de la plupart d'entre eux, le héros, ou celui qui est...

le 30 mai 2015

51 j'aime

9

San Andreas
Beezell
3

San Suspense, San Surprise, San Finesse, San Rien pour lui

♫ Musique ♫ En Californie, la faille de San Andreas s'ouvre, provocant un séisme de magnitude 9, le plus puissant de l'histoire. Le héros, dont on se fout du nom et qu'on appellera entre nous The...

le 1 juil. 2015

46 j'aime

5

San Andreas
Eren
5

You smell worse than my fart

Je ne vais rien vous apprendre, la bande-annonce parle d'elle-même. Si vous ne supportez pas l'odeur de la destruction, ni les bruits de la désolation et encore moins l'idée que «impossible is...

Par

le 27 mai 2015

35 j'aime

19

Du même critique

Glass
Frédéric_Perrinot
6

Une bête fragile

Alors en plein renaissance artistique, M. Night Shyamalan avait surpris son monde en 2017 lorsque sort Split et nous laisse la surprise de découvrir lors d'une scène en début du générique de fin...

le 22 janv. 2019

68 j'aime

6

Ça
Frédéric_Perrinot
7

Stand by me

It est probablement un des plus gros succès et une des œuvres les plus connues de Stephen King, et il est presque étrange d’avoir attendu aussi longtemps avant d’avoir eu une vraie adaptation...

le 22 sept. 2017

63 j'aime

1

A Cure for Life
Frédéric_Perrinot
8

BioShock (Spoilers)

Après une décennie à avoir baigné dans les blockbusters de studio, Gore Verbinski tente de se ressourcer avec son dernier film, faisant même de cela la base de son A Cure for Wellness. On ne peut...

le 17 févr. 2017

59 j'aime

3