Parfois, je ressens l’envie d’un bon vieux blockbuster. Pas un film comme Mad Max ou A la poursuite de demain, pour citer les deux plus grandes réussites de l’année, mais le gros truc qui tache. Celui dont la bande-annonce suffit à saisir le navet à venir mais que l’on se persuade tout de même d’aller voir en salles. Avec l’espoir peut-être de découvrir un simple divertissement décérébré. Sauf que San Andreas est un film catastrophe comme on ne pensait ne plus en voir en 2015.
Comme tout droit sorti des années 80-90, le film empile tous les clichés du genre avec une étonnante naïveté. Tout y passe : du trauma originel à une première séquence mettant en valeur les qualités héroïques de son héros (une journaliste est d’ailleurs sur place pour capter ses exploits), en passant par l’asiatique qui y passe forcément en premier. On a même le droit au héros en instance de divorce avec sa femme, même si, spoiler alert, on sait très bien que rien ne vaut une bonne vieille catastrophe pour ressouder un couple. Surtout que le nouveau copain de madame est bien entendu un gros con. Et même un peu plus que ça. Pour commencer, il abandonne sa belle-fille coincée dans une voiture après avoir un peu paniqué quand un immense bloc de béton a failli lui arracher une jambe. Mais, allez, on peut le comprendre… Plus tard, en revanche, le mec devient une pure enflure. Il prend la place d’un mec, tranquillement caché derrière un mur, et l’éjecte se faire emporter et tuer par le souffle d’une explosion. Pas cool. Rassurez-vous, en bon père moralisateur, le film écrasera le méchant salaud sous un conteneur maritime suite à un tsunami plutôt impressionnant.
Ce qui peine le plus ici, c’est le manque de recul du film, son sérieux. Même si quelques punchlines, plus ridicules qu’autre chose, ne peuvent pas avoir été écrites sérieusement. Et puis, au-delà de ses clichés, San Andreas nous balance les valeurs fondamentales de l’Amérique au visage avec une subtilité à toute épreuve. « Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? », s’écrie Carla Gugino. « On recontruit », lui répond Dwayne Johnson (attention métaphore de la famille retrouvée), alors que la bannière étoilée flotte dans les airs, plein cadre. On notera aussi sur quelques plans larges que, si les buildings sont dévastés et tombent comme des dominos, les églises restent-elles intactes, parfaitement droites. San Andreas fait en réalité tout de travers. Le scénario, d’une nullité sans nom, en oublie même certains personnages au milieu du film (Paul Giamatti passe du second rôle à la figuration). Surtout, il cantonne Dwayne Johnson à conduire divers véhicules pendant une grande partie du film alors qu’on espérait le voir soulever des plaques tectoniques à mains nues pour sauver la veuve et l’orphelin. Franchement, quel est l’intérêt d’avoir une montagne de muscle comme personnage principal pour le mettre sur le siège conducteur d’un hélicoptère, d’une voiture, d’un avion et d’un bateau (sic) pendant près de deux heures de film ? Oui, à pas grand-chose. Ce qu’est finalement San Andreas.
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