Famille et demeurés

En reprenant le mythe d'Électre, Luchino Visconti poursuit ses tragédies en choisissant une interprète de renom, Claudia Cardinale, tout juste sortie du Guépard sorti deux ans plus tôt. Le résultat est d'une maîtrise fantastique, un film au presque huis-clos dont le jeu sur les ombres par le noir et blanc et la mise en scène, participe au sentiment de claustrophobie ressenti par le frère et la sœur. Comme un moyen de s'attaquer de nouveau à la bourgeoisie, motif récurrent du cinéma de Visconti, l'hypocrisie ainsi que la lâcheté humaine telles qu'illustrées dans le film, semblent inépuisables.

Le sentiment amoureux qu'éprouve Sandra ira jusqu'à rejeter celui - ou affectif ou platonique - d'un frère que l'on a abandonné, dernier vestige d'une famille déshonorée et détruite par la haute société. Comme un symbole de la poésie, la perte du frère pose une question passionnante, bouleversant un tabou, celui de l'inceste : n'y avait-il pas plus de romantisme entre lui et sa sœur qu'avec l'Américain ? Le réalisateur, s'il avait encore quelque chose prouver, joue ici des codes du film psychologique et inverse la tendance aperçue en début de film, le frère est le sauveur malade que l'on refuse de soigner, de sa sœur. Et non l'inverse...