Sandra par Reymisteriod2

Visconti est particulièrement doué pour créer des ambiances malsaines, pour créer un trouble capable de mettre mal à l’aise ; Mort à Venise, Les Damnés et même Ludwig par moment ont ses éléments caractérisant Visconti. Celui-là aussi, Visconti a créé une ambiance terrible, un secret de famille capable de la déchirer totalement.

Déjà, rien que l’introduction est magnifique. Visconti utilise merveilleusement bien la musique classique dans ses films et c’est le cas ici ; cette route filmée depuis l’intérieur de la voiture accompagnée par cette belle musique classique, j’ai adoré.

Dés le début, Visconti arrive à nous mettre mal à l’aise, grandement aidé par le jeu de Claudia Cardinale (qui livre ici sa meilleure interprétation je trouve). Dés le début, et sa pénétration dans ce manoir on sens qu’elle est troublée, dérangée, mais on ne sait pourquoi, et c’est formidablement bien retranscrit par Visconti, il y a un véritable malaise.

Ensuite, la film a son lot de grosses scènes, parfois très dures, des scènes où les membres de cette famille se déchirent pour une raison que l’on ignore tout d’abord (mais qui est, avouons-le prévisible, mais après tout on s’en fout c’est pas un film à suspens). Cette haine entre les 2 enfants et leur mère est terrible, tout comme leur relation avec leur beau père. Ce culte que livre Claudia à son père décédé depuis longtemps est très particulier aussi, si bien que cette histoire sexuelle entre Claudia et son frère ferait presque passer ça pour un complexe d’Œdipe, et que du à la mort de son père celle-ci se dirige alors vers son frère. Cette relation frère/sœur est très malsaine, ambiguë même (comme souvent chez Visconti de toute façon). On en vient presque à se demander si Claudia et son frère ne ferait pas mieux de rester ensemble, on a du mal à juger tous ces personnages, à savoir lesquels ont raison, lesquels ont tort, et ça c’est très fort. Il y a une véritable tension dans ce film, c’est relativement impressionnant.

Autre thème abordé par Visconti, c’est la nostalgie, le souvenir. Très présent notamment dans Violences et Passions, ici aussi c’est un des sujets majeurs du film. Il y a un côté intemporel dans ce film, lié à ce lieu si étrange qu’est ce manoir, qui a presque un impact sur les personnages du film. Comme si tout reposait sur ce lieu ; le frère de Claudia s’y suicide même, là, dans ce manoir. Et c’est fort.

Très gros film de Luchino Visconti, un de ses tous meilleurs je pense, qui mêle plusieurs thèmes propres au réalisateur et traités avec une grande finesse, et une grande maîtrise formelle (et une utilisation de la musique parfaite, comme toujours avec lui). Et le titre français est absolument horrible, Vaghe stelle dell’Orsa c’est tellement mieux… (pâles étoiles de la grande ourse).