En 1985, "Sang pour Sang" nous avait impressionnés, plutôt que plu : d'abord pour l'aspect très ludique de sa mise en scène, qui jouait la lenteur excessive pour vider encore plus de leur substance des personnages atones et assez caricaturaux ; ensuite parce que, finalement, il témoignait d'un vrai tempérament de cinéaste(s), d'une certaine singularité qui se manifestait certes par un maniérisme outrancier, mais qui avait au moins le mérite de trancher sur le tout-venant. Bref, on attendit alors avec impatience les prochains films des Frères Coen... et on avait raison !
Revu aujourd'hui, alors que l'oeuvre de Joel et Ethan Coen est devenue plus que notable, "Sang pour Sang" ne présente plus guère d'intérêt (si ce n'est celui de redécouvrir Frances McDormand en midinette charmante, loin encore de la grande actrice qu'elle devint par la suite...) : on s'ennuie poliment, on sourit ça et là, on peut même admirer l'illustration textuelle de l'aphorisme d'Hitchcock ("Tuer quelqu'un est très dur, très douloureux et très... très long") mais, finalement, on se dit que tout cela ne volait pas (encore) bien haut...
[Critique originale écrite en 1986, et complétée en 2015]