Premier film des frères Coen, avec ici uniquement Joel crédité à la réalisation, Blood Simple représente déjà l'archétype du cinéma que proposera le duo tout au long de leur carrière, nous envoyant ici dans une sombre affaire de tromperie dans laquelle un détective privé sans scrupule viendra y mettre son nez.
On retrouve le côté absurde et cynique mêlé à l'archétype du film noir (le détective, les tromperies, les meurtres ou encore l'atmosphère sombre et étrange) dont les codes sont parfois détournés à l'image de cette femme qui n'a rien de fatale ou du héros bien loin d'être un modèle de charisme et de présence. On s'intéresse vite à eux, alors que le récit est très bien construit, sachant prendre son temps pour présenter les enjeux, puis rentrer dans le feu de l'action.
Préfigurant Fargo, ils dressent le portrait de quatre protagonistes (le mari trompé, la femme, l'amant et le détective) d'une manière aussi réaliste qu'absurde sur fond d'histoire d'amour, de crime et de magouille. Ils nous intéressent très vite à eux, se fondant dans l'histoire avec un rythme plutôt lent adéquat et très bien géré ainsi qu'une atmosphère sombre, étouffante, ironique, violente et surtout totalement prenante.
Derrière la caméra, les frangins démontrent déjà un vrai talent, usant de nombreuses contre-plongées et faisant preuve d'un certain savoir-faire et d'inventivité. Plusieurs scènes sont assez marquantes, à l'image de l'ouverture ou du final et ils arrivent bien à alterner entre humour noir et violence sans jamais nous perdre et sans lourdeur. Les quelques notes de pianos accompagnant parfois le récit sont bien trouvées et les acteurs, Dan Hedaya et Frances McDormand en tête, sont impeccables.
Entre violence, absurdité, humour noir et magouilles, les frères Coen livrent avec Blood Simple un premier film marquant et réussi où ils imposent déjà leur style, talent et savoir-faire. La première pierre de l'une des plus belles carrières de ces 40 dernières années.