Sur un malentendu ça peut marcher...
Avec ce premier film, Ethan et Joel Coen imposent leur style. Avec une histoire classique de la femme, le mari et l'amant, ils aiguisent leur plume pour rédiger un scénario malin, truffé de quiproquos et de non-dits. Notamment par la présence d'un quatrième personnage satellite qui tente de bouffer à tous les râteliers.
Dans le fond, le canevas est assez classique mais les frères Coen ont l'art de jalonner leur film de petits détails qui font la différence : un briquet sous des poissons morts, des phares restés allumés, une crosse de nacre sur un pistolet...
L'ambiance est plus proche d'un No Courntry For Old Men que d'un Big Lebowski car il faut dire que leur humour si particulier est totalement exclu du film. L'atmosphère est plutôt sombre et inquiétante. La réalisation est vraiment soignée, discrète et paradoxalement vraiment présente par des plans intéressants, parfois répétés comme le ventilateur du plafonnier qui tourne inlassablement. Le film est également avare en dialogues, préférant inscrire ses personnages dans de l'action pure et des silences inconfortables.
Côté casting, les acteurs sont tous excellents. On retrouve la croquignolette Frances McDormand qui avec ses 25 ans de moins est presque méconnaissable, ou encore Dan Hedaya, l'acteur « dont on ne sait jamais le nom » mais qui joue dans d'innombrables films. Tous naviguent dans un Texas plein de sueur et de poussière entre routes désertes et appartements glauques. Un point de plus pour la musique (sachant que j'ai vu la version Director's cut dont la bande son a été entièrement retouchée) avec ce thème au piano absolument parfait.
Pour ma part, je souhaite tout particulièrement saluer l'excellence des 15 dernières minutes qui représentent à elles seules tout le talent des frères Coen qui prouveront par la suite qu'ils sont vraiment de grands cinéastes.