Suite du classique Yojimbo, Sanjuro en reprend les mêmes codes. Nous retrouvons notre protagoniste, toujours interprété par Toshiro Mifune, dont le sens moral le conduira à nouveau à plonger dans une intrigue lui étant étrangère. Cette fois-ci, il est également question de la lutte entre deux clans, le camps des "corrompus" ayant kidnappé le juste et respecté Chambellan. Le cercle proche du Chambellan appelle alors à l'aide auprès de ce samuraï taciturne à la force incroyable.
Là encore, le film de Kurosawa frappe par la finesse de son scénario, Sanjuro livrant une véritable guerre tactique au clan des "corrompus", celui du Chambellan n'étant composé que de neuf jeunes guerriers sans véritable expérience et à la naïveté déconcertante. Il sera ainsi question de duperie et de faux semblants tournant en dérision la noblesse des codes traditionnels du Japon.
L'esthétique de Sanjuro est néanmoins différente de Yojimbo. L'action ne se déroule plus dans les bas fonds d'un village en perdition mais dans les luxueuses et luxuriantes demeures de la noblesse japonaise. Pour mieux duper l'ennemi, Sanjuro et ses compagnons trouvent en effet refuge dans une maison voisine de celle dans laquelle est enfermé le Chambellan. Le film est ainsi bercé par le chant des oiseaux et le lent passage de l'eau du ruisseau traversant les jardins.
Dans cet univers poétique, dans lequel des pétales de camélias donneront le signal de l'attaque finale, Sanjuro symbolise néanmoins la force brute, le sabre dénoué de fourreau, qui quittera ce monde une fois l'affaire résolue et à la suite d'un duel d'anthologie avec un rival, interprété par le non moins célèbre Tatsuya Nakadai.