Toshiro Mifune est le "Jean-Pierre Bacri" d'Akira Kurosawa.
Selon son humeur, le personnage y sera anormalement jovial ou irrémédiablement ronchon.


Comprenons le réalisateur : quand on a l'opportunité de travailler avec un acteur aussi charismatique, autant en profiter en lui dessinant des rôles sur mesure.
Rashomon, Le château de l'araignée, La Forteresse cachée... autant de films tournés ensemble dans les années 50 en attendant le chef d'oeuvre Barberousse (1965).


C'est donc ce qui est fait avec Sanjuro (1962).
Le réalisateur nous esquisse un pan de vie d'un rônin solitaire qui fait pour l'occasion des "camelias" son surnom, "Sanjuro".
Samourai pour qui faire usage du fil du sabre est aussi aisé que de boire du saké.


La particularité de ce film est d'y mêler aventure et humour.
Plus que le scenario finalement assez convenu, c'est le côté humoristique qui est marquant.
Il permet de croquer avec légèreté :
- la suffisance et l'impulsivité belliqueuse de la jeunesse,
- la fourberie et la corruption politique,
- le destin auquel on n'échappe pas,
- la pudeur naïve de la gente féminine.
Grâce évidemment aux mimiques de Mifune mais aussi en le mettant dans des postures inconfortables ou au cœur de dialogues truculents.


Voir Sanjuro, c'est également l'opportunité de :
- passer un bon moment en famille,
- accéder au maître du 7ème art par un film assez léger,
- apprendre un peu de philosophie des samourais,
- prendre connaissance des tensions de la société japonaise post 2nde guerre mondiale.


Sur ce dernier point, certes Kurosawa n'est pas Ozu.
Mais il serait naïf de ne pas tenter le parallèle entre la société japonaise médiévale et celle du XXème siècle.


En résumé, un film de genre de Kurosawa,
autant que comédie dramatique, agréable mais pas aussi vide de contenu qu'on pourrait le croire.

Créée

le 9 oct. 2021

Critique lue 33 fois

Raider55

Écrit par

Critique lue 33 fois

D'autres avis sur Sanjuro

Sanjuro
Scopini
10

Critique de Sanjuro par Scopini

Au commencement, il n'y avait rien. Alors Dieu inventa les hommes. Parce qu'il était bon et qu'il voulait que les hommes soit heureux, il inventa le cinéma. Et pour guider les hommes, il donna...

le 11 mars 2011

45 j'aime

1

Sanjuro
Kobayashhi
9

Un bon sabre reste dans son fourreau !

Sanjuro nous apprend plusieurs choses, d'une part, que l'on peut réaliser un film un an après le précédent sans pour autant bâcler une intrigue. Que l'on peut aussi réutiliser le même personnage...

le 29 août 2013

42 j'aime

2

Sanjuro
Docteur_Jivago
8

A Poor Lonesome Samouraï

Comme Yojimbo, Sanjuro est centré sur ce même personnage, à savoir un samouraï sans maître, ni foi, ni loi, préférant ruser plutôt que d'utiliser son sabre et il est ici question de corruption au...

le 16 mars 2017

27 j'aime

3

Du même critique

L'Élégance du hérisson
Raider55
5

1 chapitre sur 2

Ils sont des livres dont on se souvient toute sa vie. Mais avec un sentiment de satisfaction modéré, tiède. Celui-ci en fait partie. Et pourtant il était précédé d'une belle réputation - due à de...

le 7 juil. 2021

11 j'aime

10

L'Amant
Raider55
9

Les mots du livre, rien que du livre

Lire l'Amant, c'est d'abord faire abstraction du film. Non pas qu'il soit mauvais, Les rythmes, les ambiances, la magie n'y sont juste pas identiques. Lire Marguerite Duras, c'est parcourir des...

le 27 janv. 2021

9 j'aime

7

L'Âge d'or, tome 2
Raider55
8

Si beau et si frustrant à la fois

Ce tome de l'âge d'or est le 2nd de l'histoire et clôture donc magistralement cette quête de pouvoir médiévale. Son graphisme si particulier en est toujours la particularité. Au risque évidemment de...

le 5 déc. 2020

9 j'aime