Titre faisant référence à la série Jack Ryan puisque les deux font partie du même univers. Ouais je me suis pas foulé.
Hop, petit message au début pour vous prévenir que je vais spoiler le film.
Je vais commencer cette critique en précisant que l’univers de Tom Clancy est encore inconnu pour moi. J’ai bien joué à certains jeux-vidéos mais je n’ai, pour l’instant, pas lu les livres. Je vais donc le juger en tant que long-métrage et non en tant qu’adaptation. Et, vous l’aurez compris, c’est un bon film. Sans Aucun Remords est un film qui m’a directement intéressé et que j’ai beaucoup attendu, forcément et ce pour deux raisons :
Stefano Sollima est un réalisateur dont j’apprécie le travail d’abord pour ses séries : Gomorra fait partie de mes séries préférées et il me tarde de regarder ZeroZeroZero ainsi que Romanzo Criminale, mais aussi et surtout pour ses films : A.C.A.B. et Sicario 2 sont des films très intéressants mais c’est bien Suburra qui a su retenir toute mon attention, mais j’en parlerais peut-être une autre fois. Bref, c’est un réalisateur qui, comme on peut le constater avec ces titres, aime bien s’attaquer à l’univers de la Mafia, à la corruption et aux conspirations. Et il le fait tout en restant crédible, très terre-à-terre, ce que l’on comprend au travers de sa réalisation et on aura tout le loisir d’y revenir. C’est un réalisateur qui sait filmer ses scènes d’actions, gérer la tension et diriger ses acteurs.
Et en parlant d’acteurs… Michael Bakari Jordan. Quel acteur ! Pour ma part, c’est un acteur dont le seul nom est une raison de m’intéresser à un film. Il réussit à donner une épaisseur à chacun de ses personnages, que ce soit dans Chronicle, Fruitvale Station ou encore Creed, il est extrêmement convainquant. Et évidemment, il est excellent en tant que Killmonger. Il me tarde, encore une fois, de le voir dans ses autres films et dans un registre différent de celui pour lequel on le connaît. Alors, le rôle de John Clark lui va très bien, il est charismatique et a les épaules pour l’interpréter, mais même s’il joue bien et qu’il réussit à lui donner de la vie et des caractères humains pour ne pas avoir une énième machine à tuer, il a déjà fait mieux quand même. Et c’est pareil pour les autres acteurs qui font le nécessaire, voire un peu plus pour certains comme Jodie Turner-Smith, mais qui ne livrent pas une véritable performance. Mais, ce n’est peut-être pas de leur faute, l’accent étant mis sur le personnage de John Kelly, laissant les autres n’être que des personnages fonctions. Bon, j’avoue je pinaille un peu. En effet, ce n’est pas le but du film. Aussi, le scénario est assez intéressant pour ne pas s’ennuyer, apporte de nouveaux enjeux au film, mais reste assez anecdotique et ne surprend pas vraiment. Mais je ne serais pas contre une suite, puisque la scène post-crédit annonce une potentielle suite qui va mettre en scène les forces de Rainbow. Voilà je n’ai rien d’autre à dire sur l’histoire du film, si ce n’est qu’elle est convenue mais néanmoins pas désagréable.
Non, je vais m’intéresser au principal argument de vente du film : les scènes d’actions. Cette critique peut faire suite à celle de Mortal Kombat (les deux films n’ont rien à voir, ce sont juste deux films que j’ai vus dans la même soirée) où j’essayais de montrer que les dites-scènes ne fonctionnaient, ici c’est tout le contraire. En effet, les combats sont plaisants, lisibles et encore une fois crédibles. La façon dont Sollima filme l’action me plaît :
Et ça comme bien, avec au début du film, des soldats qui sortent de l’eau en éliminant deux ennemis. Le tout est fait en un plan, là où d’autres réalisateurs en auraient utilisé beaucoup plus. Mais, ce seul plan reste plus efficace et plus immersif. Même la découverte de tous ces soldats est bien faite : voilà, en gros, une bonne introduction. Le reste de l’opération est toujours aussi bien filmée pour essayer au mieux d’assurer un réalisme et une crédibilité. Et c’est pour ça que parfois les coupures interviennent comme un cheveu sur la soupe. Je pense au moment où ils entrent dans une salle occupée par quelques soldats : la scène est montée avec trois plans alors qu’un seul aurait été peut-être plus efficace. Mais ce n’est que mon avis et j’avoue je cherche la petite bête. Heureusement, la suite propose un plan plutôt impressionnant : celui avec le RPG, dont la roquette ricoche avant d’exploser ou encore celui où il tire dans un mur pour toucher l’ennemi, certes il y a des coupes, durant ce combat, mais ce dernier reste lisible. Alors, je ne dénigre pas le fait de couper ses combats, tant que c’est bien fait et que ça n’entache pas la lisibilité de la scène : comme le prouve le duel qu’on a tant vu dans la bande-annonce où les deux soldats, chez John, se prennent des balles. En effet, lors des précédents tirs, la caméra s’intéressait plus à John, c’est lui qui a l’avantage, mais là les deux sont à égalité d’où ce montage alterné. Ah et la lampe qui roule et qui éclaire tour-à-tour leur visage est un effet de mise en scène bien sympa (je tenais à le souligner). Arrive la prochaine scène d’action, celle en prison, qui est tout d’abord très bien préparée. On fait monter de plus en plus la tension avec cette musique qui va gagner en rythme et devenir de plus en plus forte. Et puis on a, une nouvelle fois, des plans assez longs et lents : c’est-à-dire qu’on le voit se préparer à la manière d’un Creed et la caméra reste avec lui : le spectateur n’entend que les gardes approcher et les verra en même temps que John. Sinon, le réalisateur tient toujours à rester crédible : avec des chorégraphies pas aussi impressionnante que dans un Raid, des plans assez longs et une action lisible. Pourtant, on sent l’impact des coups… la plupart du temps. Oui, c’est peut-être le défaut de ce genre de plans. Mais on retrouve dans cette scène, une bonne idée, mais j’en parlerais plus tard (comme ça je ne me répète pas). Ensuite vient le crash de l’avion qui est lui aussi bien préparé avec de bons plans, notamment celui du crash, justement, dans l’eau, qui est assez immersif. Mais, je trouve ça dommage que le plan suivant nous fasse sortir de cet avion. Cela enlève toute l’immersion de la scène. Voir l’avion s’écraser de l’extérieur, dans l’eau n’est pas intéressant et il aurait fallu rester avec ces soldats. Heureusement ceux à l’intérieur sont meilleurs. On peut prendre, comme exemple, le long plan où l’avion se retourne qui est très bien : on est dans le film. Le reste de la scène est soigné également et la tension est bien tenue. Vient enfin, la dernière séquence d’action et la plus travaillée. On commence avec l’explosion de la cible. Explosion qui souffre du même problème que le crash : les plans d’extérieurs ne sont pas utiles et rester confiné avec les soldats, comme durant la suite de la séquence, aurait été meilleur. Suite à cela, un soldat se fait toucher : ils sont piégés et chassés par un sniper. Et là aussi, montrer le sniper ne me semble pas une bonne idée. Mais sinon, l’ambiance qu’il instaure petit à petit est réussie, il y a beaucoup de tensions et l’impact des balles, accompagné par un effet sonore, en est la cause. Encore une fois, les plans sont longs et c’est très bien, tout simplement. On découvre les autres snipers et ça intensifie le suspens. Cette scène témoigne toujours de l’attention que porte le réalisateur sur la crédibilité de ses scènes d’actions. Et cela passe par des petits détails, comme quand John rate ses cibles, ce n’est pas une machine, juste un homme, ou quand Karen manque de glisser pendant son combat. Mais cela passe aussi par les mouvements des personnages : je m’explique. Après la très bonne la fusillade sur le toit que je ne vais pas détailler sinon, je vais me répéter, et la chute de notre personnage, vient un nouveau combat : il lui lance une planche de bois, le soulève et le met à terre, en un seul plan encore une fois, et on ressent le poids des deux soldats. Leurs mouvements sont lents et lourds, tout ça pour garantir un réalisme et une immersion. Et ces combats, filmés en un plan sont si bons que la coupe devient gênante. On néglige peut-être le spectaculaire au profit de l’authenticité. Voilà, c’est le genre de plan que j’apprécie, celui dans lequel il se passe plusieurs actions et c’est aussi le type d’action que j’apprécie : lorsque le réalisateur n’utilise pas la coupe. Et c’est pour cela que les scènes d’actions du film sont bien réalisées.
Enfin le film se termine encore une fois dans une voiture, mais celle-ci n’est ni enflammée ni inondée, elle est juste normale et c’est une bonne idée de mise en scène (si c’en est une) : mission accomplie. Bref, Sans Aucun Remords de Stefano Sollima n’est malheureusement pas un film qui propose un scénario très palpitant, mais est bel et bien un bon film d’action au sens premier du terme...