A la dérive, version bien.

Si j'en avais un peu quelque chose à foutre de ce que l'on peut penser de moi, j'aurais certainement eu honte de comparer A la dérive, de loin le pire de Guy Ritchie avec la Palme d'Or 2022 qu'est Sans filtre, mais là dessus, je suis un peu comme Ruben Ostlund : j'en ai rien à foutre de ce que l'on peut penser de moi. Et c'est d'autant plus appréciable venant du réalisateur suédois qui, certes divise, mais à au moins le mérite d'offrir aux spectateurs une vraie vision d'auteur avec son dernier né, même si je lui préfère sa Palme précédente aka The Square.

Parce que oui, avec cette plongée dans le monde des nouveaux riches et des influenceurs qui prennent le large sur un yacht en prenant soin de mépriser le petit personnel jusqu'au naufrage et de voir comment la fracture sociale va méchamment mais sûrement s'inverser, on l'avait déjà dans A la dérive. Ce qu'on a en plus ici, c'est la violence des rapports humains y compris entre gens du même rang et c'est avec un malin plaisir que Ostlund filme ces personnages et ces thématiques, parfois avec beaucoup de subtilté, parfois de la manière la plus trash possible (le dîner de la tempête), jusqu'au dénouement, qui montre que le pouvoir peut monter à la tête de n'importe qui.

Et même s'il est difficile d'éprouver de l'empathie pour les personnages quand bien même cette mise à nu sans filtrage peut parfois les rendre émouvants, les comédiens livrent d'excellentes prestations, en particulier Harris Dickinson et la regrettée Charlbi Dean. Sans oublier ses qualités techniques et esthétiques, la photographie étant très belle.

Bref, Cannes aime les films sur la fracture sociale puisqu'après l'immense chef d'oeuvre Parasite, il récompense Sans filtre, une oeuvre qui divise déjà, mais que je ne saurais que vous conseillez!!