On l'a misérablement raté à Cannes (on a le don pour ne jamais voir le film qui aura la Palme d'Or... Prodigieux), alors on le rattrape à la soirée spéciale du Festival de Deauville. On ne s'attendait pas à cela. Triangle of Sadness (le titre français nous donne de l'urticaire, ne voulant rien dire) est une comédie satirique, à l'humour décapant qui attaque toutes les couches de la Haute, devenant rapidement (le temps de régler une addition de restaurant) assez corrosif pour faire descendre tous les nantis de plusieurs étages, avec force fracas. La suite va crescendo dans la moquerie, jusqu'à l'apothéose (dans les deux sens du terme : à la fois le climax du film, et le moment où l'on tire le tapis sous ces "dieux vivants") qui est la scène du dîner sur le bateau. On en rit encore. Tous les riches en prennent copieusement pour leur grade, et nous, forcément, de ricaner tout en sachant que la critique est cathartique (on rigole d'autant plus que son porte-feuille est mince, ça soulage). Mais là où Triangle of Sadness nous a perdu, c'est dans sa troisième partie, longue (on regarde sa montre, même si ce n'est pas une Rolex), avec une musique à trois notes qui est pénible (oui, on a compris le côté "triangle" qui file tout le film...), et qui n'a pas grand-chose de plus à dire que les deux première parties n'ont pas déjà dit. On aurait par exemple nettement préféré que la fin présentée (avec

sa morale du pouvoir qui pervertit tous ceux qui y on goûté, et de façon irréversible : voyez cette dame de ménage qui veut garder à tout prix son monopole, et cette jeune riche qui semblait avoir compris l'artificialité de sa condition...et puis en fait non. Le pouvoir tâche tout, à l'encre indélébile.)

se fasse sous forme d'un épilogue de quelques minutes. On reste quand même bluffé par l'audace de la critique de Ruben Ostlund, par sa mise en scène très belle, par ses personnages hilarants malgré eux. Plus votre porte-feuille est mince, plus vous devez y aller.

Aude_L
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Festival de Deauville 2022, Meilleurs films 2022 et My Golden Globes 2023

Créée

le 14 sept. 2022

Critique lue 46 fois

Aude_L

Écrit par

Critique lue 46 fois

D'autres avis sur Sans filtre

Sans filtre
Rolex53
8

Idiot, mais riche

Je comprends maintenant, après avoir découvert ce film, pourquoi sans filtre a obtenu la Palme d'Or. C'est tout simplement le talent d'un réalisateur suédois, Ruben Östlund, qui réussit la...

le 17 oct. 2022

171 j'aime

4

Sans filtre
pollly
9

Avis de tempête

La croisière s’amuse Puisqu’il s’agit ici d’évoquer un film qui ne fait pas de la dentelle, allons droit au but : Triangle of Sadness est un film qui vous explosera à la tronche. Ruben Östlund...

le 2 juin 2022

65 j'aime

Sans filtre
Cinephile-doux
8

Le capitalisme prend cher

La nature humaine, surtout vue à travers ses bassesses et sa médiocrité, est le sujet préféré de Ruben Ôstlund qui n'hésite pas à pousser le curseur à son maximum dans Sans filtre (traduction oiseuse...

le 29 mai 2022

64 j'aime

14

Du même critique

The French Dispatch
Aude_L
7

Un tapis rouge démentiel

Un Wes Anderson qui reste égal à l'inventivité folle, au casting hallucinatoire et à l'esthétique (comme toujours) brillante de son auteur, mais qui, on l'avoue, restera certainement mineur dans sa...

le 29 juil. 2021

49 j'aime

Mulholland Drive
Aude_L
5

Tout le monde adore...sauf moi (snif).

Certes, David Lynch a un style bien à lui et reconnaissable entre mille, mais il faut l'aimer, si l'on veut s'extasier devant Mullholland Drive. Subjectivement, on n'y a rien compris, si ce n'est...

le 9 oct. 2021

41 j'aime

Dogman
Aude_L
8

Besson a lâché les chiens !

Caleb Landry Jones est vraiment stupéfiant, nous ayant tour à tour fait peur, pitié, pleurer (l'interprétation d’Édith Piaf en clair-obscur, transcendée, avec un montage si passionné, on ne pouvait...

le 18 sept. 2023

40 j'aime