On l'a misérablement raté à Cannes (on a le don pour ne jamais voir le film qui aura la Palme d'Or... Prodigieux), alors on le rattrape à la soirée spéciale du Festival de Deauville. On ne s'attendait pas à cela. Triangle of Sadness (le titre français nous donne de l'urticaire, ne voulant rien dire) est une comédie satirique, à l'humour décapant qui attaque toutes les couches de la Haute, devenant rapidement (le temps de régler une addition de restaurant) assez corrosif pour faire descendre tous les nantis de plusieurs étages, avec force fracas. La suite va crescendo dans la moquerie, jusqu'à l'apothéose (dans les deux sens du terme : à la fois le climax du film, et le moment où l'on tire le tapis sous ces "dieux vivants") qui est la scène du dîner sur le bateau. On en rit encore. Tous les riches en prennent copieusement pour leur grade, et nous, forcément, de ricaner tout en sachant que la critique est cathartique (on rigole d'autant plus que son porte-feuille est mince, ça soulage). Mais là où Triangle of Sadness nous a perdu, c'est dans sa troisième partie, longue (on regarde sa montre, même si ce n'est pas une Rolex), avec une musique à trois notes qui est pénible (oui, on a compris le côté "triangle" qui file tout le film...), et qui n'a pas grand-chose de plus à dire que les deux première parties n'ont pas déjà dit. On aurait par exemple nettement préféré que la fin présentée (avec

sa morale du pouvoir qui pervertit tous ceux qui y on goûté, et de façon irréversible : voyez cette dame de ménage qui veut garder à tout prix son monopole, et cette jeune riche qui semblait avoir compris l'artificialité de sa condition...et puis en fait non. Le pouvoir tâche tout, à l'encre indélébile.)

se fasse sous forme d'un épilogue de quelques minutes. On reste quand même bluffé par l'audace de la critique de Ruben Ostlund, par sa mise en scène très belle, par ses personnages hilarants malgré eux. Plus votre porte-feuille est mince, plus vous devez y aller.

Aude_L
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le 14 sept. 2022

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