Idiot, mais riche
Je comprends maintenant, après avoir découvert ce film, pourquoi sans filtre a obtenu la Palme d'Or. C'est tout simplement le talent d'un réalisateur suédois, Ruben Östlund, qui réussit la...
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le 17 oct. 2022
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Personnellement, The square m'avait laissé un peu indifférente, je trouvais le film aussi vide que ce qu'il était supposé dénoncer. Ici Östlund revoit ses ambitions légèrement à la baisse, bien qu'on y retrouve son style outrancier. Sans filtre est une comédie mordante et cynique sur un petit groupe de nantis dont la bêtise et l'obscénité seront raillées et retournées contre eux. En fait, ça faisait longtemps que je n'avais pas autant ri, à l'unisson d'une salle entière, d’un rire simple mais cathartique qui relève d'une forme de « qui sème le vent récolte la tempête ».
Un couple de jeune influenceur qui n’existe que pour le like, un capitaine américain marxiste et alcoolique face à un industriel russe capitaliste, des passagers décadents qui ne voient dans l’équipage que des sources d’amusement, ce dernier faisant tout pour ne pas contrarier les premiers… le tout agrémenté de la bêtise, de l’indécence, de tempête et de scatologie. Avec Sans filtre le réalisateur questionne avec cynisme et humour noir notre rapport contradictoire à l'apparence, à l'argent et aux dynamiques de pouvoir associées. C’est à la fois une intrigue à la caricature facile et au rire gras, avec une lutte des classes grossière et cousue de fil blanc. Et oui, nous spectateurs sommes invités à devenir aussi peu empathiques que ce groupe de riches, les moquant et les humiliant. Le procédé utilisé par Östlund n’est pas subtil, mais il fonctionne car ce sarcasme est jubilatoire. Au final, riches, employés, spectateurs…nous sommes tous traités à égal, notre bassesse est mise à jour.
On peut regretter le manque de crédibilité de certaines scènes mais surtout une troisième partie redondante et bien moins drôle. En effet, alors que la première partie, avec cette scène de restaurant et ces portes d’ascenseur qui ne se ferment pas sont remarquables, et que la seconde parachève la désillusion du jeune couple sur le milieu, la dernière partie se révèle poussive. Pourquoi ne pas directement faire le tour de l’île ? Pourquoi traîner autant en longueur cette inversion des rôles ? et pourquoi ce final en pseudo-cliffhanger, un peu mollasson ?
En soi, je me rends bien compte que Ruben Östlund se complait dans une certaine facilité, grandement aidé par sa double palme d’or, et que son film sera vite oublié car il ne possède pas de profondeur réelle. Je ne peux cependant pas nier l’hilarité dans laquelle j’ai passé les deux premières parties du film, et ce serait injuste de mal le noter après un si bon moment, aussi éphémère soit-il. Son film, malgré tous ses défaut et outrance, agit comme une catharsis. Que voulez-vous, moi aussi je suis bête et méchante.
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Créée
le 16 oct. 2022
Critique lue 35 fois
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