Idiot, mais riche
Je comprends maintenant, après avoir découvert ce film, pourquoi sans filtre a obtenu la Palme d'Or. C'est tout simplement le talent d'un réalisateur suédois, Ruben Östlund, qui réussit la...
Par
le 17 oct. 2022
178 j'aime
4
Le site est en ligne, vous pouvez désormais revenir à vos activités habituelles. On vous remercie pour votre patience et votre soutien ! (Il est encore possible que le site rencontre quelques problèmes de performance)
“Triangle of sadness” ou “Sans filtre” en français a fait les frais de la sempiternelle légitimité de la Palme d’Or de Cannes. La récompense en réalité m’intéresse peu et n’aura permis qu’à mettre en lumière à mes yeux cette fable satirique centrée sur la condition des ultra-riches. Le public cannois, divisé, y a forcément vu un propre reflet de ses excès. En revanche, ce que l’on a un peu injustement occulté selon moi au profit de la critique des riches, c’est avant tout une critique de l’humanité. Il n’est en effet pas anodin que le film commence sobrement sur un défilé de mode mettant en exergue la superficialité de la représentation (thème qui sera repris avec le personnage de la regretté Charlbi Dean, qui incarne une influenceuse), puis par un chapitre surréaliste sur le rapport entre un homme et une femme prétendument amoureuse, et l’argent. Véritable tableau du “marché de l’amour”, le conflit entre ces deux jeunes gens est drôle, mais dit en réalité beaucoup des rapports conflictuels que peuvent entretenir les hommes et les femmes dès qu’il s’agit de comprendre réellement la psychologie de l’autre.
Le deuxième chapitre sur un bateau, de loin le plus amusant, ridiculise une caste entière, stéréotypée de la tête au pied. Sûrement la partie la plus propre à la polémique, elle provoque déjà le dégoût, dans sa représentation très graphique du corps, mais aussi en tirant un maximum sur la corde de l’absurde. L’exemple est tout trouvé avec la séquence où une vieille femme riche sur le bateau souhaite voir l’équipage faire du toboggan, défilé de personnes lambda, comme un spectacle de cirque pour la dame qui semble découvrir pour la première fois des gens pauvres !
Le troisième et dernier chapitre sur une île - peut-être le plus intéressant - rappelle ô combien les instincts primaires de l’Homme sont les catalyseurs de notre société, sans que l’on y pense forcément. Ainsi, ils brouillent toutes frontières entre les classes sociales car sur l'île, il n’y a plus de règles. Après tout, nous descendons tous de l’animal. Le sexe est monnaie d’échange, comme l’accès à l’eau et à la nourriture. Ce sont les besoins primaires tels qu'énoncés dans la pyramide de Maslow. “Sans filtre” est selon moi plus qu’une Palme d’Or déshonorée et cela est un autre débat, c’est un film qui impose de rire de soi, tout en faisant preuve de détachement.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2022
Créée
le 26 nov. 2022
Critique lue 12 fois
D'autres avis sur Sans filtre
Je comprends maintenant, après avoir découvert ce film, pourquoi sans filtre a obtenu la Palme d'Or. C'est tout simplement le talent d'un réalisateur suédois, Ruben Östlund, qui réussit la...
Par
le 17 oct. 2022
178 j'aime
4
La nature humaine, surtout vue à travers ses bassesses et sa médiocrité, est le sujet préféré de Ruben Ôstlund qui n'hésite pas à pousser le curseur à son maximum dans Sans filtre (traduction oiseuse...
le 29 mai 2022
69 j'aime
14
La croisière s’amuse Puisqu’il s’agit ici d’évoquer un film qui ne fait pas de la dentelle, allons droit au but : Triangle of Sadness est un film qui vous explosera à la tronche. Ruben Östlund...
Par
le 2 juin 2022
66 j'aime
Du même critique
Mesdames messieurs, nous tenons pour l'instant notre film de l'année 2021. Oui, un film bien de chez nous qui prouve une nouvelle fois la richesse de notre pays. 2021, une année prospère pour le...
le 1 nov. 2021
4 j'aime
Quel film monumental ! Brian de Palma, réalisateur accompli et reconnu par la critique signe son chef-d’œuvre avec « Scarface » qui n’est autre qu’un remake du film de Howard Hawk du même nom, sorti...
le 27 févr. 2021
4 j'aime
Pour inaugurer mon retour au cinéma après sept mois d'absence, quoi de mieux que de découvrir le film qui traduit à tous nos sentiments actuels : "Adieu les cons". Oui, adieu les cons, laissez-nous...
le 25 mai 2021
4 j'aime
2