Idiot, mais riche
Je comprends maintenant, après avoir découvert ce film, pourquoi sans filtre a obtenu la Palme d'Or. C'est tout simplement le talent d'un réalisateur suédois, Ruben Östlund, qui réussit la...
Par
le 17 oct. 2022
174 j'aime
4
Satire d'un monde encore et toujours gouverné par le paraitre, sous des formes nouvelles (marketing se parant abusivement, cyniquement, d'une communication basée sur des causes louables, progressistes; nature fallacieuse et vaniteuse des réseaux sociaux omniprésents aliénant les acteurs à leur insu...), le film pêche en se montrant régulièrement simpliste et trop explicite par zèle didactique, en commentant son propos, ce qu'il aurait dû délaisser aux seules situations narratives. Par exemple, le capitaine à Dimitry, au terme de leur aparté: "Vous ne pouvez pas être riche alors que le reste du monde est pauvre", et Abigail vers la fin à Yaya allant prospecter dans les collines, faisant suite à l'assaut grotesque de l'âne par Jormo: "Tu as réussi à instaurer un putain de matriarcat, tu as maté tous les vieux mâles dominants ". Qui plus est, le ton démagogique, jouissif lorsqu'il venge le cynisme de certains grands fortunés (la grenade), ratisse un peu trop large et s'émousse (racisme, jeu impérialiste des nations dominantes, rapports homme/femme...). Personnellement, la véhémence scatologique m'a semblé tiédasse. Je n'aurais pas été contre un véritable cataclysme excrémentiel à la puissance 15 (dans l'esprit Montypythonesque, ou célinien s'il on veut), une symphonie pestilentielle où débordements sous pression surnaturelle des sanitaires et retours gastriques expulsés par geysers de table en table, auraient causé par leur violence la destruction pure et simple du navire...avant la scène de la grenade ! Clap de fin.
Il y a certes une attitude cherchant l'épate chez Ruben Ostlund, mais le cynisme misanthrope qu'on lui reproche parfois pour son carton général toute classe sociale confondue, me parait injuste. La pédanterie en moins, Bunuel n'épargnât personne non plus dans "Viridiana" !
Rq: Bien aimé la scène du bar montrant la solitude du richissime Jormo et la mauvaise conscience de la cliente exigeant la baignade des employés pensant rétablir un semblant d'égalité !
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Solitude, Rapport de classes / Barrière sociale, Femme moderne, Film suédois et Apparences / Vernis social
Créée
le 3 mars 2024
Modifiée
le 3 mars 2024
Critique lue 9 fois
D'autres avis sur Sans filtre
Je comprends maintenant, après avoir découvert ce film, pourquoi sans filtre a obtenu la Palme d'Or. C'est tout simplement le talent d'un réalisateur suédois, Ruben Östlund, qui réussit la...
Par
le 17 oct. 2022
174 j'aime
4
La nature humaine, surtout vue à travers ses bassesses et sa médiocrité, est le sujet préféré de Ruben Ôstlund qui n'hésite pas à pousser le curseur à son maximum dans Sans filtre (traduction oiseuse...
le 29 mai 2022
66 j'aime
14
La croisière s’amuse Puisqu’il s’agit ici d’évoquer un film qui ne fait pas de la dentelle, allons droit au but : Triangle of Sadness est un film qui vous explosera à la tronche. Ruben Östlund...
Par
le 2 juin 2022
65 j'aime
Du même critique
La tournure de cette comédie est finement menée, son écriture précise et équilibrée. Elle mets en dérision une certaine tradition patriarcale et plus généralement la posture masculine machiste dans...
Par
le 24 juin 2024
1 j'aime
Tragédie mizoguchienne mettant en scène un monde aux conventions sociales rigides, aliénantes et mortifères, plus impitoyables encore à l'égard du petit peuple: une sexualité féminine entravée, des...
Par
le 16 juin 2024
1 j'aime
Texte minimaliste et mise en scène épurée portant un regard d'entomologiste sur un couple de provinciaux, fonctionnaires en fin carrière, exclus du progrès dont bénéficie les citadins, traités sans...
Par
le 10 juin 2024
1 j'aime