C'est un sujet très lourd auquel s'attaque la cinéaste slovaque Terza Nvotova dans son premier long-métrage de fiction, Sans jamais le dire. Celui des conséquences d'un viol sur une adolescente de 17 ans, commis par un homme qu'elle côtoie tous les jours. Un traumatisme profond marqué par le repli sur elle-même de la jeune fille, incapable de mettre des mots sur ce crime. La réalisatrice vient du documentaire et cela se sent dans sa description de l'environnement familial ou scolaire de la victime de ce fait divers plus banal qu'on ne le croit. Mais Sans jamais le dire est aussi une chronique adolescente et un violent réquisitoire contre une société où la parole des femmes a peu de prix et où les seuls traitements administrés, et psychiatriques, sont d'une grande violence. Entre électrochocs et amnésie de son héroïne meurtrie, le film se perd un peu dans l'excès dramatique quand il évoque un suicide ou le handicap du frère de la protagoniste principale. Avec son montage elliptique et l'interprétation impressionnante de son actrice, Sans jamais le dire, même si son propos est uniformément noir, touche cependant par son absence de concession et sa radicalité expressive.