Sans jamais nous connaître, réalisé par Andrew Haigh, explore les méandres des relations humaines à travers un prisme intime, où l’amour côtoie le deuil et la solitude.
Le film brille par une ambiance sonore d’une grande finesse, où les compositions oniriques d’Emilie Levienaise-Farrouch accompagnent à merveille l’intensité émotionnelle de la narration. L’interprétation d’Andrew Scott (Adam) est touchante, mais c’est Paul Mescal (Harry) qui se démarque par une prestation fascinante, empreinte de vulnérabilité et de noirceur, dans un style qui lui sied à merveille. Leur alchimie crève l’écran, particulièrement dans des scènes érotiques d’une poésie rare, traduisant une connexion profonde et sincère entre les personnages. Visuellement, la photographie contribue à renforcer cette intimité, tout en reflétant le poids des thématiques abordées : dépression, suicide, homosexualité, et dépersonnalisation dans un monde surpeuplé.
Cependant, si ces sujets sont traités avec délicatesse, certains choix scénaristiques affaiblissent quelque peu l’impact global. Le spectateur apprend très tôt que les parents d’Adam sont morts, et leur représentation en version jeune annihile le mystère ou la tension qu’un tel artifice aurait pu engendrer. De plus, les dialogues directs avec ces figures fantomatiques donnent parfois l’impression d’une facilité d’écriture. Cela contraste avec la complexité émotionnelle des interactions entre Adam et Harry, où l’égoïsme latent du premier accentue l’intensité dramatique.
Sans jamais nous connaître est un récit d’une grande sensibilité, où l’intime côtoie l’universel, mais qui souffre d’une prévisibilité dans son traitement fantastique. Malgré cela, le film touche profondément et interroge sur l’amour, le deuil, et notre lien avec le passé, captivant par l’émotion sincère qu’il suscite.