Avec son troisième film, Byun Sung-hyun, qui s’essaie pour la première fois au thriller, reprend les codes du cinéma du genre et on retrouve les combats encombrés en milieu confiné, une mise en scène enlevée, des séquences de violence servies par une caméra aux prises étonnantes et autres ralentis. Un film de prison, d’infiltration, de trahisons à l’ambiance classieuse à la « New World de Park Hoon-jung, qui se démarquait par sa caractérisation des personnages, surfant entre les scènes grandioses de combats et celles plus intimistes révélant la fatalité des destins. Le choix moral, où les lignes sont particulièrement ténues entre loyauté et mission, est donc ici mis en avant pour pointer en filigrane le drame de la survie, l'attache familiale, les rêves envolés et la jeunesse mise à rude épreuve confrontée brutalement à la réalité.
Il sera très facile de se laisser porter par l’action, d’en apprécier les décors, une belle photographie et une narration déconstruite qui se démarque du genre, mais avec les multiples allers retours entre présent et passé, il faudra suivre.
Personnages flous, hiérarchie policière pesante, adroite et sévère, flics et truands où chacun se guette et se sert des autres pour arriver à ses fins, utilisant les moyens les plus excessifs si besoin est.
L’alternance entre scènes de combats, évidemment, et arrêt sur image de la relation amicale entre les deux protagonistes, joue sur la psychologie des personnages. Le lien qui se noue est au centre de l’intrigue avec tous les imprévus qui en découleront, et en filigrane, des sentiments qui iront peut-être au delà de la seule relation filiale et qui peut étonner dans ce cinéma. Cela permet d’axer le récit sur ces deux hommes en particulier en dehors de l'intrigue elle-même, finissant de s’épauler pour le meilleur et pour le pire, et de diriger une intrigue au départ décomplexée, aux scènes parfois loufoques, vers la tragédie.
Le cinéaste opte pour un certain réalisme sans pour autant que l’aspect sociétal ou politique soit mis en avant comme souvent chez les sud-coréens. Mais le scénario accuse ses faiblesses avec un manque parfois de cohérence. Il en restera une mise en scène maîtrisée mais redondante et tapageuse qui alourdit le rythme, son lot de rebondissements pour une intrigue à tiroir qui joue plus sur son esthétisme et sa violence permanente des échanges, que sur un scénario vraiment original.
Yim Si-wan joue de son physique délicat mais au caractère pugnace, Seol Kyeong-gu (Oasis, Peppermint Candy) usera de ce cliché qu’ont les coréens d’appuyer sur les rires et autres gloussements pas toujours heureux, mais nous livre de bons moments plus tendus et Lee Kyeong-Yeong que l’on retrouve dans un rôle habituel de chef de clan, ne sera qu’appui secondaire à l’intrigue.