Il faut évidemment reconnaître les qualités formelles (image superbe, mise en scène souvent inspirée) et narratives (déconstruction de l'intrigue, éclatée temporellement, ruptures surprenantes de ton) de "Sans Pitié" pour pouvoir admettre que le film de Byun Sung-Hyun dégage un sentiment assez accablant de vacuité, et qu'il nous plonge dans un vague ennui dont nous avons bien du mal à nous extraire pour jouir d'une fin à la fois romantique - pour peu que nous souscrivions à une lecture homo-érotique de la relation entre le ricanant (et pénible) Jae-Ho et le juvénile (et peu crédible) Hyun-Su - et nihiliste.
Il faut admettre que le scénario évoquant "Infernal Affairs", mais aussi maints polars asiatiques qui l'ont précédé, a tôt fait de nous perdre dans une fausse complexité qui ne dissimule pas grand chose de conséquent. Que les acteurs ne font rien de vraiment intéressant, Byun Sung-Hyun préférant se regarder filmer plutôt que de construire ses personnages. Que les touches "tatantiniennes" dans la toute première partie du film sont déplacées et semblent n'exister que pour servir de justification à une promotion paresseuse du film en Occident.
Bref un bilan pour le moins mitigé pour un film qui sera vite oublié...
[Critique écrite en 2018]