Elle est seule, elle marche sur la route, on ne sait pas d'où elle vient, elle ne sait pas où elle va, le sens de sa vie ? elle ne semble pas s'en préoccuper, elle vit au jour le jour, elle attend de voir qui va la prendre en stop, qui va la nourrir, qui va lui donner de l'argent, qui va lui proposer du travail, qui va lui proposer de la drogue, qui va vouloir la prostituer ... Comme nous tous, elle sort d'un trou et va finir dans un trou, mais entre temps, elle préfère ne pas y être.
Ce voyage sur la route, c'est l'occasion d'une galerie de portraits, de petits loubards, aux travailleurs émigrés en passant par la vieille grand mère.
Mais c'est surtout un portrait de Mona. Si son nom est donné, on ne sait finalement que peu de choses d'elle, elle raconte des histoires, elle le dit, et on ne sait pas si on peut se fier à ce qu'elle a dit sur elle. D'ailleurs certains lui demandent, d'autres pas. Certains hommes veulent juste se la faire. Une femme seule sur la route ! quelle occasion ! D'autres sont plus bienveillants.
Si on la suit pendant tout le film, et qu'on voit la suite d'événements prévisibles mais filmés de manière extrêmement fine, subtile et poétique, qui va la mener à son trépas, Mona reste jusqu'à la fin du film, une inconnue.
Comme tant d'inconnus qu'on voit sans regarder, devant qui on passe sans leur parler, et dont on se sait rien, dont on ne sait l'histoire, la souffrance, la solitude. Ces hommes et ces femmes qui appartenant à l'origine à la communauté des humains ont peu à peu été exclus, rejetés, par leurs congénères et dont la saleté et la puanteur, puis l'alcoolisme a fait le reste du boulot. Certains à qui on jette une pièce, de temps en temps, pour se donner bonne conscience, prolongeant ainsi leurs souffrances un jour de plus...