Sans toit ni loi est sans doute le film le plus sombre et pessimiste de la filmographie d'Agnès Varda. Il raconte les derniers mois de la vie misérable d'une gamine fugueuse dans le campagne française, puisque le film démarre par le corps retrouvé de cette adolescente dans un fossé, le récit à partir de ce point remonte le fil de tout ce qui a conduit celle-ci à sa mort. Errances sur les routes, boulots minables, vivant sous une tente, quasi prostitution font le lot de ce parcours chaotique, c'est vraiment sordide d'un bout à l'autre sans jamais de répit ni pour le personnage, ni pour le spectateur faut le savoir avant le visionnage. Visuellement il s'agit probablement du film le plus ambitieux de Varda, la couleur brune omniprésente, la saleté et l'humidité ambiantes; la réalisatrice a utilisé énormément les travellings latéraux et ceux-ci sont inspirés, ils m'ont bien plu tous autant qu'ils sont. Sandrine Bonnaire est la révélation de ce film, une grande actrice naît sous la caméra de Varda, elle est formidable.