Ouïe, mais non
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Colossal succès au box-office américain, à l'instar du très réussi Get out, "Sans un bruit", avec un petit budget, s'appuie sur une idée prometteuse quoique peu originale (d'autres films ayant déjà abordé le thème de créatures ultra-sensibles au son). La promesse est énorme et les possibilités immenses. Comment vit-on dans une société moderne quand il est impossible de parler, de faire sonner un téléphone, de regarder un film, d'écouter de la musique, de jouer au ballon ou de planter un clou ? Bref, comment vivent les humains quand l'humanité n'est plus possible ? Krasinski répond à moitié à la question en présentant un quotidien rabougri (le repas et le jeu de société - moments conviviaux par excellence - forcément silencieux) et une adaptation permanente à la menace (linge lavé très lentement à la main, chemins recouverts de sable, jouets sans piles, etc.). Si bien que la tension prend corps et fonctionne. Mais Krasinski s'arrête là et très vite le film bascule, devenant moins un récit d'adaptation et de cohabitation qu'une énième entreprise de survie face à une menace qui approche.
Si certaines séquences tiennent la route, en tirant (sans doute volontairement) vers "La guerre des mondes" (scène de la cave) ou "Signes", "Sans un bruit" n'exploite jamais vraiment ce qui aurait pu faire sa grande force. Avec un bon travail sur le son, Krasinski aurait pu plonger le spectateur dans l'ambiance tendue et pesante de ses personnages en lui faisant entendre le moindre craquement de brindille, le moindre plissement de vêtement et la moindre respiration. Au lieu de cela, dès la première séquence, les scènes silencieuses (c'est-à-dire sans dialogues) sont emplies de musique (mélodique ou de pure ambiance). Choix étrange et incroyable qui prive le spectateur d'une expérience sensible et organique que la technologie moderne des salles de cinéma aurait pu rendre immersive et étouffante. Pire : dix minutes après le début du film, les créatures apparaissent. La menace est identifiée. En une scène (la première), Krasinski a démonté son film : sa raison d'être n'est plus et son danger est connu de tous, alors qu'on sait tout l'intérêt de faire apparaître le monstre le plus tard possible (cf. "Alien", "Predator" ou "Les dents de le mer"). S'ensuit un film classique mais efficace, parsemé d'erreurs narratives et de suspense pas toujours très fin (scène de l'accouchement). Jusqu'à la dernière scène et le dernier plan qui semblent délivrer la vérité du métrage : la mère et la fille prennent possession de la technologie et des armes (i.e. la connaissance et le pouvoir) pendant que le garçon garde l'enfant qu'Evelyn a mis au monde (en silence) un peu plus tôt. Soit la "révolution" féministe balayée comme émancipation générale et ramenée à une modification du casting. Rien ne change, au fond. On a simplement inversé les rôles. Tout ça pour ça.
Créée
le 18 juil. 2018
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