“Une femme amoureuse”

En 1915, Sarah Bernhard reçoit Sacha, son filleul, depuis son lit d’hôpital. La comédienne âgée, qui vient de se faire amputer d’une jambe, lui narre ses années de passion et d’orage avec Lucien Guitry, son père.

Elle s’appelait Sarah et fut une star internationale, la première au monde à signer des autographes. Les images d’archives qui ouvrent le bal montrent les portraits de l’époque, ses affiches célébrant la star et les foules impatientes de la voir. Le rideau se ferme alors pour mieux se rouvrir. La grande dame aux camélias s’éteint tragiquement, laissant échapper son dernier souffle après avoir su comment dire adieu à l’homme qu’elle aime. Juste une illusion, saluée par les applaudissements de la salle. Au théâtre ce soir, un tourbillon de tableaux plus impressionnistes qu’impressionnants afin de croquer le mythe. Sarah conte, Sarah vit, Sarah bat, Sarah baisse, Sarah bande. Des décors aux costumes, la Divine s’occupe de tout en coulisse. Son intérieur est une jungle curieuse où perroquet, lémurien et lynx se laissent caresser. Le monstre sacré exige qu’on lui greffe une queue de panthère pour rugir de plaisir. Femme libérée, compagnes et compagnons animent ses nuits. Autour d’elle gravite l’élite, Edmond Rostand, Emile Zola, Mucha ou Freud. Et pourtant, entre fantasmes et documentation, Guillaume Nicloux préfère la réduire à une maîtresse amoureuse, heureuse seulement dans les bras d’un homme. Jamais on ne la verra jouer ou si peu, elle qui savait pousser le public enthousiaste jusqu’à l’évanouissement. Il faudra se contenter de la performance convaincante de Sandrine Kiberlain. Sans jamais lui ressembler physiquement, l’actrice lui confère son phrasé énergique et sa fantaisie créative.

(6/10)

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