Quand même !
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le 21 déc. 2024
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La bande-annonce du film est mensongère. Présenté comme une comédie vive et spirituelle, le film s'avère vide, sans rythme et plombé par des choix discutables. Un vrai tunnel d’ennui.
Paris, 1896. Sarah Bernhardt est au sommet de sa gloire. Icône de son époque et première star mondiale, la comédienne est aussi une amoureuse, libre et moderne, qui défie les conventions.
En sortant de la salle, on ressent un immense gâchis. Qu’a voulu nous montrer Nicloux de La Divine ? Que découvre-t-on si ce n'est qu'elle était mégalomane, cruelle, qu'elle copulait à voile et à vapeur et qu'elle était progressiste ? On entend constamment la star dire qu’elle est une immense comédienne, mais on ne le ressent jamais. Surtout, le film ne capture pas ce qui a fait son génie et ce qui a fait qu’elle est restée dans la postérité et qu’elle est considérée comme la première star française de l’Histoire.
Un point m’a embarrassé pendant le film. On ignore sur quel pied Guillaume Nicloux danse ou fait danser son film. On ne sait jamais si on voit un film réaliste autour de La Divine ou une fantaisie, une sorte de variation autour de son image, de son aura. Ce flou pose un problème, surtout sur des sujets sérieux comme l’Affaire Dreyfus. Sarah Bernhardt a-t-elle vraiment encouragé Zola à défendre Dreyfus ?
La structure inutilement alambiquée (« vingt ans plus tôt », « un an après », « une heure plus tard ») casse le rythme et dessert l’émotion. Dès lors, on ne ressent jamais l'amour tragique, violent et fort entre Lucien Guitry (père de) et Sarah Bernhardt. Sauf dans les deux dernières scènes, très belles, magnifiées par la Pavane pour une infante défunte de Ravel.
La bande-son, omniprésente et très Radio Classique, assomme par son insistance. Chopin, Schubert et Debussy s’enchaînent sans lien évident avec les scènes, alourdissant l’ensemble.
Le film souffre, à mon avis, d’une erreur de casting monumentale. J’adore Sandrine Kiberlain qui est souvent brillante dans ses interprétations. Mais son registre habituel est celui de la spontanéité et du naturel. Au fond, elle semble jouer comme elle est dans la vie. Mais dans un rôle de composition comme celui-ci, son jeu sonne terriblement faux. Elle déclame ses répliques de façon très insistante et théâtrale. Du coup, dans la première scène notamment où elle joue Sarah jouant sur scène, c'est vraiment très mauvais.
Face à elle, Laurent Lafitte est excellent, toujours parfait pour exprimer la veulerie masculine (dans Le Comte de Monte-Cristo ou dans des comédies comme Papa ou Maman). En revanche, le reste du casting n’existe pas. Comme le film est centré sur Sarah Bernhardt et sa relation avec Lucien Guitry, les autres comédiens n’ont pas d’autres choix que de récupérer les miettes et le peu de scènes qui restent. D’autant plus que les seconds rôles (Amira Casar, Clément Hervieu-Léger, Grégoire Leprince-Ringuet, Sébastien Pouderoux) ont un côté un peu patronage. On va chercher d’excellents acteurs de la Comédie Française pour jouer des rôles historiques en costume. Tout ça rend le film un peu vieillot.
En revanche, on admire le travail de la société de distribution qui a monté la bande-annonce. Car ironiquement, la bande-annonce, grâce à un montage habile, est un court-métrage drôle et vif. Mais ce patchwork est plus inspiré que le film lui-même.
Créée
le 31 déc. 2024
Critique lue 16 fois
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