Un cinéma en apprentissage
Sarah sait ce qu'elle préfère, mais pas forcément ce qu'elle veut, encore moins ce qu'elle ne veut pas. Sarah aime courir. Elle quitte Québec pour Montréal en compagnie d'Antoine, qui est amoureux d'elle.
Sarah préfère la course est un film singulier sur un personnage singulier qui a du mal à se dire. Le film a lui-même du mal à se définir, mais affirme clairement une volonté de cinéma moderne et simple, qui montre au lieu d'expliquer, joue du temps et des silences, un cinéma qui se rapproche de celui de Céline Sciamma, dont Chloé Robichaud serait une sorte de cousine québecquoise en apprentissage.
En apprentissage, car le film ne parvient jamais à trouver son rythme ni à convaincre totalement. On sent son potentiel, on mesure le travail d'écriture, la volonté de peindre une héroïne au mystère préservé. Sarah est clairement dans le déni, mais que veut-elle vraiment, de quoi est-elle consciente, de quoi a-t-elle réellement peur ?
Si l'on s'interroge sur une image constamment grise et un peu fade, on reconnaîtra à la réalisatrice une belle utilisation du off, un vrai sens du cadre et un placement musical subtil et signifiant. De quasiment tous les plans, Sophie Desmarais, déjà vue dans Le démantèlement, sait donner vie à un personnage complexe et souvent opaque.
Si Sarah préfère la course est loin d'être parfait, Chloé Robichaud est une réalisatrice à suivre.