La relation viscérale d'une mère pour sa fille, conçue dans la haine en tant que prisonnière de guerre. Eclosion des premiers mots pour exprimer la souffrance et réapparition timide du désir, et simultanément soif de vérité de l'enfant pour grandir, se structurer, s'émanciper (on retrouvera la place centrale donnée à l'expression, à la communication douloureuse présente dans "La voix d'Aïda"). Le film est tout en sensibilité, un peu trop démonstrative par moment (vérité du drame confiée en larmes aux membres du centre de soutien psychologique), et le jeu des deux femmes est particulièrement touchant. Certaines maladresses dans le scénario, scolaires, trop brutales, plaquées: scène de violence surfaite avec le patron du bar, idem avec la fille braquant sa mère, sur-réaction d' Esma au vu de la vulgarité érotique imposée à ses collègues hôtesses, scène où des étudiantes agressent Sara dans les toilettes, mettant en doute le statut héroïque de son père...