Sátántangó – Le Tango de Satan par Karutso
C'est une petit tournant, un virage que l'on fait lorsque l'on a vu ce film. Voir un film de plus de 7 heures est déjà en soi peu commun. Mais c'est aussi une expérience cinématographique impressionnante, le nombre de plans séquences, la durée de celles-ci, la complexité des personnages et du contexte général, la lenteur du film, plus encore, trop pour pouvoir toutes les énumérées (j'aurais pu faire une critique de 1 heure, à la hauteur (longueur) du film).
Mais ces 7 heures sont-elles utiles ?
Oui, sans la moindre hésitation. Elle sert l'histoire, l'ambiance que veut donner le réalisateur. La lenteur des faits et gestes, logique s'il on veut donner un réalisme dramatique et efficace pour représenter le manque d'espoir, de motivation de chacun des personnages.
Les plans séquences, un simple défoulement ?
Oui et non. Je n'ai vu que deux films de Bela Tarr pour l'instant. Le cheval de Turin et celui-ci. Dans les deux la lenteur était logique, pour à peu près les même raisons d'ailleurs. Des plans séquences pour appuyer cette lenteur s'insère donc dans la logique. Mais je pense aussi que c'est le style de Bela Tarr, qu'il aime ce genre de film, ce style de réalisation. ça lui plait et moi aussi. Je trouve ça impressionnant, beau et puis cela n'a rien de négatif donc pourquoi pas.
Mais ce n'est pas que ça. Les plans séquences nous permettent d'être au plus près du réalisme : le fait d'avoir l'impression de profondeur (c'est aussi une autre caractéristique de Tarr), de ne pas avoir de coupure irréaliste (il y a un détachement à chaque coupure par rapport à l'histoire), de "subir" ou "voir" comme les personnages.
Surtout, je pense que les plans séquences et la trajectoire de la caméra permet de "pallier" à la lenteur. De ce fait au lieu de nous montrer en plan large une ferme, la caméra nous fait un travelling de gauche à droite, suivant la marche des vaches, ou des zooms très lent avant d'atterrir exactement devant l'expression d'un des protagonistes, cadré.
Et c'est aussi cela qui est grand. Que chaque scène et même, a t'on l'impression, que chaque fait et geste soit calculer au millimètre près. Une grande maitrise, que j'appellerais aussi une façon de faire maniaque, qui fait que chaque plan se peint devant nos yeux, tel un tableau.
Pas besoin de m'éterniser sur le scénario, expliqué déjà par beaucoup et qui touchera chacun de façon différent. Une critique du communisme, de la bêtise humaine, de la manipulation, du désespoir de vivre, etc ... etc ...
Un film essentiel.