La plus grande réussite de Raj Kapoor ?
Satyam Shivam Sundaram, c'est l'occasion de voir un pionnier du cinéma hindi contemporain, figure de proue de la plus grande dynastie de Bollywood (oui ok, y a débat avec les Mukherjee), faire un film époustouflant et surprenant tant sur la forme que sur le fond.
Kapoor a toujours mis en scène et questionné la société indienne, société de classe, instigatrice de nombreuses inégalités et source principale des drames de nos protagonistes. Mais là où l'humour avait une grande place dans son cinéma, notamment quand il se mettait en scène dans son personnage inspiré de Charlot, Satyam Shivam Sundaram est assez noir dans ce qu'il raconte.
Men are trash dans un film où la caméra se pose sur un personnage féminin subissant l'inévitable courroux de l'homme : je ne te juge que par ton physique, tu as un seul défaut, tu n'accèderas pas à l'amour.
Mais Satyam Shivam Sundaram, s'il est bouleversant dans le portrait de cette jeune femme s'amourachant de ce bel homme et dont la personnalité laisse à désirer, est formellement bluffant. Un mélange de couleurs à tomber, faisant penser à des films comme The Lovers, une mise en scène globale maîtrisée et des numéros musicaux parfaits, mais surtout la présence importante de l'érotisme dans le récit est surprenante mais bienvenue.
Ce registre ne serait pas aussi réussi sans Zeenat Amanqui trouve peut-être son meilleur rôle, en tout cas l'un de ses plus riches. Son double jeu et le paradoxe entre cette femme défigurée, à priori repoussante mais qui dégage un érotisme permanent avant de peu à peu sombrer dans ce tourbillon dramatique, pas de doute, Aman est au sommet de son art.
Peu de cinéastes indiens peuvent se targuer d'avoir dans leur filmographie un film aussi maîtrisé sur tous les plans. En même temps, peu de cinéastes sont Raj Kapoor...