Le personnage principal n’a pas de nom, ou alors celui que ses clients souhaitent lui donner, pas de toit, ou alors celui que ses clients lui permettent de partager le temps d’une passe, voire d’une nuit, il n’a pas de vêtements, ou alors ceux qu’on lui donne, il n’a pas d’ambition, pas d’attaches, pas d’envie.
Il respire, il est un corps qui se vend, et sa vie se résume à des échanges tarifés parfois aux limites du supportable. Peu importe, du moment qu’il est payé, il endure.
Sa seule envie, son seul désir, il le ressent pour Ahd son collègue prostitué: plus viril, plus ambitieux, plus violent, et surtout inaccessible.
C’est sans doute parce qu’il refuse de l’aimer et qu’il n’attend rien de notre héros que vient sa fascination pour lui.
Au milieu d’une vie glauque et a priori sans soleil, notre personnage principal va rencontrer quelques ilots de stabilité, quelques personnes qui ne le considèrent pas comme un objet: une femme médecin d’abord qui restera professionnelle quand lui pense avoir trouvé une figure maternelle, puis un client plus calme que les autres, plus paternel.
Notre héros sans nom pourrait reprendre pied se dit-on, il a ici des possibilités, des mains tendues.
Mais nous ne sommes pas dans un conte de fées, et comme le titre l’indiquait, notre anti-héros est avant tout défini par son caractère sauvage: on ne met pas un lion en cage.
Alors même qu’il accepte d’endosser n’importe quel rôle auprès de ses clients, alors même qu’il s'avilit en vendant ses services, il reste malgré tout libre: libre de choisir où il va, d’aimer qui il veut, de dormir où il veut.
Le spectateur reste décontenancé devant ce refus de normalité alors qu’il avait cru comprendre depuis le début que le héros cherchait de l’affection, de l’attention, de la stabilité.
Sauvage remet en cause nos certitudes quant à ce qu’on peut vouloir de la vie: certaines personnes refusent d’être enfermées dans des normes sociales, ou sont terrorisées à l’idée de s’enfermer dans un rôle.